Horace

Vernet

 
 

Paris 30 juin 1789

Paris 17 janvier 1863

Horace Vernet (1789-1863)

Si Horace Vernet a été rendu célèbre par ses peintures, on sait moins qu'il a vécu en Algérie, et même a été l'un des premiers colons.

 

Né à Paris le 30 juin 1789, Horace Vernet était issu d'une famille de peintres. Son père, Carle Vernet, spécialiste de la peinture militaire, était le fils de Joseph Vernet, peintre de la Marine. Son grand-père maternel, Jean Michel Moreau, avait peint pour Louis XV les ports de France .

Doué d'un certain talent, il intègre tout naturellement l'atelier du peintre François André Vincent à l'Ecole des Beaux-Arts de Paris où il exerce son art de 1746 à 1816. Bien que les Vernet fussent traditionnellement royalistes, Horace était un ardent bonapartiste et il a exalté la gloire de l'Empire dans ses lithographies. Il séjourne à Rome sous la Restauration. Nommé membre de l'institut en 1826, il est Directeur de l'Académie de France à Rome de 1829 à 1834. A l'Exposition universelle de Paris en 1855, il occupe, comme Ingres, une salle entière et reçoit la médaille honneur, ce qui le place en tête des peintres de son époque.

A l'avènement de Louis-Philippe, il part pour l'Algérie en 1833. En ce qui concerne sa période algérienne, référons-nous au Livre de Joseph François Aumerat Souvenirs Algériens , qui donne des précisions sur son installation dans ce pays, ainsi que quelques anecdotes pittoresques sur la vie qu'il y menait.

Il acquiert une propriété, l'Haouch ben Koula, située aux environs de Boufarik, sur laquelle eut lieu en 1836 un combat important entre le 1er régiment de Chasseurs d'Afrique et les Hadjoutes. L'acquisition fut faite en l'étude de Me Martin, notaire, rue des Consuls à Alger le 7 juin 1833. Le vendeur était M. Victor Amanton, alors Directeur de la colonisation. Horace Vernet était représenté par M. Gallois, Capitaine de vaisseau, demeurant à Alger, hôtel de la Marine. Il s'agissait d'un domaine de 500 hectares, en grande partie irrigables, de vastes bâtiments d'habitation et d'exploitation. Ce domaine lui donna le goût des grandes cultures auxquelles il se livra résolument, sinon par lui-même, au moins en y plaçant des fermiers à gages. Il vint y habiter durant plusieurs années presque tous les hivers , jusqu'à sa revente à la famille Fagard.

On rencontrait souvent Horace Vernet dans la Mitidja, où il était attiré par sa passion pour la chasse, et l'on sait combien le gibier abondait en ce temps-là. Il chassait à La Réghaïa chez Mercier, à Baraki chez le baron de Vialar1 et de préférence dans les marais de Boufarik. Il ne se montrait pas difficile dans le choix de ses compagnons de chasse et quand il s'agissait de tuer le sanglier ou bien plus simplement des lièvres ou des poules de Carthage, peu lui importait que ce fut en compagnie du Comte de Raousset-Boulbon ou d'un coiffeur de Bab-el-Oued.

Ce coiffeur qui passait pour un chasseur très habile, avait un magnifique lévrier qu'Horace Vernet convoitait. S'en étant aperçu, celui-ci le lui offrit et en échange, l'illustre peintre lui fit remettre quelques temps après un tableau représentant un lévrier grandeur naturelle. La curiosité lui attira bon nombre de clients et bientôt le salon de coiffure devint le plus en vogue.

Il y avait à Boufarik l'hôtel Mazagran très fréquenté par les voyageurs. Horace Vernet y logeait fréquemment. Il avait beaucoup d'estime pour les époux Girard, propriétaires de l'hôtel. Il leur en donna la preuve en faisant don à Madame Girard de deux dessins gravés par Janet, l'un représentant des Arabes dans leur camp, écoutant une histoire, et l'autre une jument défendant son poulain. Cette dernière gravure portait l'inscription suivante : A Madame Girard à Boufarik, de la part d'Horace Vernet. Il devint plus tard, pour ses deux amis, peintre d'enseigne. Il leur avait promis depuis longtemps, de faire un tableau représentant la défense de Mazagran, qu'ils auraient placé sur la devanture de leur porte, mais comme il se mit à l'œuvre en 1852, il préféra leur peindre la prise de Laghouat, fait historique plus important que la prise de Mazagran, et dans lequel il pouvait faire figurer son ami, le Général Yusuf2. C'est d'ailleurs au Bardo, propriété du Général à Alger, qu'il exécuta cette peinture. Les époux Girard la placèrent à l'intérieur de l'hôtel. Ils ont disparu en emportant le précieux tableau.

A son retour d'Algérie, le roi lui donne la direction des travaux du musée historique de Versailles. Chargé de décorer une des principales galeries, il exécute des épisodes de la conquête de l'Algérie.

En décembre 1882, Napoléon III, apprenant que l'artiste était gravement malade, lui écrit : « mon cher Monsieur Horace Vernet, je vous envoie la Croix de Grand officier de la Légion d'Honneur, comme au grand peintre d'une grande époque ». Il s'est éteint à Paris le 17 janvier 1863 et est inhumé au cimetière Montmartre.

Selon Sainte Beuve « il était un homme d'esprit, caractère aimable, une nature droite, honnête, loyale, vive et sensée »

Une commune d'Algérie portait son nom pendant la colonisation française.

Ses séjours en Algérie ont particulièrement inspiré Horace Vernet. Nous donnons ci-dessous une liste non exhaustive d'un certain nombre de peintures réalisées par lui ayant trait à ce pays.

  • La prise de Constantine 1834.

  • Le conteur arabe 1835

  • La bataille d'Isly 1844.

La prise de la Smalah d'Abd-el-Kader 1843. Cette œuvre de 23 mètres de long, peinte en huit mois, lui valut un grand succès au Salon de 1845. Elle est actuellement au musée Condé de Chantilly. Le musée des Beaux- Arts d'Alger conserve une esquisse de ce tableau.

  • Le chasseur de lions, Collection Wallace, Londres

  • Scènes d'Arabes dans leurs camps.

  • Le Duc de Nemours faisant son entrée à Constantine. Musée des Beaux- Arts de Lausanne.

  • La première messe en Kabylie, 1853. Musée des Beaux- Arts d'Alger.

Odette Goinard

 

1 Voir la biographie d’Augustin de Vialar dans Les Cahiers d'Afrique du Nord, n° 14.

2 Voir la biographie de Yusuf dans Les Cahiers d'Afrique du Nord n° 9.

 

BIBLIOGAPHIE

  • Joseph-François Aumerat Souvenirs Algériens. Blida, imprimerie Mauguin 1898.

  • Lyne Thornton Les orientalistes peintres voyageurs. ACR Edition Poche Couleur. Courbevoie 1994.

  • Marion-Vidal Bué Alger et ses peintres . Ed. Paris Méditerranée 2000.

 

retour à la page des biographies