Augustin

de Vialar

 
 

Gaillac (Tarn), 1799

Alger, 1868

 

Le nom de Vialar, pendant cent trente ans, de 1832 à 1962, n'a cessé d'illustrer en Algérie l'une de ces familles, issues des premiers pionniers, que Bugeaud avait qualifiées de "colons aux gants jaunes".

Augustin en fut le premier représentant

Frère cadet d'Emilie de Vialar dont la biographie est relatée dans le présent numéro, Augustin est né le 30 septembre 1799 à Gaillac dans le Tarn. Il a pour grand-père paternelle baron Portal, premier médecin ordinaire des rois Louis XVIII et Charles X fondateur en 1820 de l'Académie de Médecine. Auditeur du Conseil d'Etat, Augustin est procureur du Roi à Epernay lorsqu'éclate la révolution en 1830. Légitimiste comme son père, il donne sa démission et retourne à Gaillac. En 1832, il s'embarque en compagnie d'un ami anglais pour l'Égypte, mais le hasard du voyage le mène à Alger. Il est aussitôt conquis, il écrit " ce qui m'a surtout décidé, c'est la pensée que l'Afrique était appelée à une nouvelle et prochaine destinée, que le moment était venu où cette contrée cernée par la civilisation européenne allait s'ouvrir enfin à notre industrie, à nos arts, à nos lois, à notre population ". Il s'installe d'abord dans une modeste maison arabe pour un loyer mensuel de 90 Fr. Il parcourt les environs et sent que le véritable avenir du pays est dans l'agriculture. Il repart pour Gaillac et en revient avec un groupe d'ouvriers avec lesquels il entreprend la mise en valeur du Sahel et l'assainissement de la Mitidja, alors " immense cloaque " insalubre, infesté de maladies. Avec habileté et sagesse, il surmonte peu à peu les méfiances des indigènes et finit par gagner leur confiance en suscitant des coopérations fécondes. En 1834, il a dépensé un million de francs pour installer des familles françaises, acheter et aménager des terrains aux environs d'Alger Bouzaréa, Birmandreis, Kouba et plus tard dans la Mitidja.

Il s'est marié à Gaillac le 5 décembre 1837 avec Athénaïs Sophie, fille du général Fleury. Ils auront quatre fils.

Le 30 juin 1834 le baron de Vialar, accompagné de son ami Max de Tonnac, gaillacois comme lui, du capitaine Pellissier de Reynaud et de huit spahis, ose se rendre au marché de Boufarik, où aucun Européen ne s'est encore aventuré, au milieu de 3000 Arabes hostiles. Quinze jours plus tard, seul avec Tonnac, il reçoit un meilleur accueil. Après cet exploit, il institue, en tant que président de la société coloniale, deux primes pour les civils européens qui iraient les premiers à Boufarik, l'un avec une voiture de marchandises, l'autre trois fois de suite avec un cheval ou un mulet chargé ; elles ne seront attribuées que l'année suivante, lorsque fut décidé l'envoi d'un détachement militaire les jours de marché et que fut établi le camp d'Erlon. En 1835, il fonde à Boufarik le premier hôpital destiné aux musulmans d'alentour et fait appel aux souscripteurs. Le roi Louis-Philippe et la reine envoient 1.500 francs. Sur la proposition du conseil général d'Alger, il fait venir sa sœur Emilie, fondatrice de l'ordre de Saint Joseph de l'Apparition, accompagnée de trois religieuses. Comme nous l'avons vu, par sa grande personnalité et son œuvre éminente de missionnaire, celle-ci a été canonisée en 1951,

Augustin s'occupe du domaine de Khadra dans la plaine de la Mitidja en compagnie de Max de Tonnac. Ils font généralement précéder leur correspondance de France d'Afrique, domaine d'Haouch-el-Khdra. Le baron est devenu président du Comité d'Agriculture qui a pris en main les intérêts de la nouvelle colonisation. Face à l'irrésolution politique de la France devant le problème algérien, Augustin se rend à Paris en 1835 pour tenter de convaincre les adversaires de la colonisation. Une commission parlementaire est envoyée en Algérie pour enquêter et décider du sort de ce pays.

C'est par 17 voix contre 2 qu'elle conclura au maintien de la France en déclarant : " l'honneur et l'intérêt de la France commandent de conserver les possessions de la France sur la côte septentrionale de l'Afrique ". Augustin ne vivra plus que pour faire triompher la cause de l'intégration.

Il ne cessera de faire entendre sa voix dans tous les cercles et les milieux où s'impose son autorité morale comme dans les assemblées locales d'élus auxquelles il appartient,

Premier maire de Birmandreis, il devient président du conseil général d'Alger, puis adjoint au maire de la ville et président de la chambre d'agriculture. Jusqu'à la fin de sa vie, il se fit le défenseur des colons ainsi que des autochtones musulmans et juifs. Il s'éteint à Alger le 18 août 1868. Il a laissé en Algérie en tous domaines l'empreinte d'une puissante personnalité.

Ainsi qu'a pu l'écrire l'abbé Louis Picard, " Augustin de Vialar et sa sœur Emilie avaient tous deux le goût des nobles actions et ont rêvé toute leur vie d'apostolat et de sacrifices en de lointains pays ".

Un village prospère d'Algérie, chef-lieu de la commune mixte du Sersou portait le nom de Vialar. Il était connu pour son important marché du mardi. A Alger, la villa des Deux-Moulins surplombant la mer, où résidèrent ses descendants resta le rendez-vous d'une haute société algéroise et des personnalités de passage.

 

Odette Goinard
sur documentation

 

 

Bibliographie :

 

* Esquer Gabriel : Correspondance du général Drouet d'Erlon : Collection de documents inédits sur l'histoire après 1830, Gouvernement Général de l'Algérie, Librairie ancienne Honoré Champion, Paris 1926.

* Gautier Emile, Félix : Un siècle de colonisation, collection du Centenaire de l'Algérie, Librairie Félix Alcan, Paris 1930.

* Sansonetti A.D. : Un colonisateur, le baron de Vialar (1790-1868). Imprimerie agricole et commerciale Alger 1911.

* AM Briat, J. de La Hogue, André Appel, Marc Baroli : Des chemins et des hommes : Collection Mémoire d'Afrique du Nord. Harriet 1995.

* Pierre Goinard : Algérie, l'œuvre française. Ed. Robert Laffont, 1984. Réédition Gandini 2001.

* Chatelus de Vialar : article paru dans la revue L'Algérianiste du 15 décembre 1978.

* Conférence sur Augustin de Vialar prononcée à Gaillac le 18 juin 1972 par Henri Yrissou, en commémoration de l'œuvre de cette famille en Algérie.

 

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