Léon

Roches

 
 

Grenoble 27 septembre 1809
Floirac 23 juin 1870

Léon Roches

Par ses faits d'armes nombreux, par sa vaste culture, par ses grandes qualités d'interprète, Léon Roches a marqué son époque de manière brillante.

 

Léon Roches est né le 27 septembre 1809 à Grenoble. Ayant perdu sa mère dans sa prime jeunesse, il passe une partie de son enfance au Clos de la Platière, chez sa tante, Mme de Champagneux, née Eudora Roland, fille des époux Roland dont l'histoire est inséparable de la Révolution française, et qui joua un grand rôle dans sa vie.

   

Madame Roland

 

Élève au lycée de Tournon, reçu au baccalauréat en 1828, il commence des études de Droit, mais les abandonne très vite pour travailler dans une entreprise commerciale marseillaise Chargé de mission, il découvre la Corse, la Sardaigne et l'Italie.

Le 12 juillet 1832, il rejoint son père à Alger, qui, attaché à l'intendance militaire, avait obtenu une concession agricole. Ce sera le début pour lui le début d'une période de 32 ans sur le continent africain.

Tombé amoureux de Khadidja, petite fille du ministre de la marine du dey, d'une grande beauté, il s'initie rapidement à la langue arabe. Il est nommé traducteur assermenté en 1835. Il fréquente les cafés maures, et chasse le sanglier avec les fermiers arabes.

Khadidja, déjà promise, s'étant mariée, il renonce à elle pour un temps, espérant arriver à la faire divorcer et à l'épouser. Ses espoirs seront déçus. Il suit alors le Général Clauzel, Gouverneur de l'Algérie, en tant qu'interprète. Il fait brillamment ses débuts au feu au col de Mouzaïa. Il porte alors le titre de sous-lieutenant de cavalerie de la milice d'Alger.

Après le traité de la Tafna (30 mai 1837) , l'émir Abd-el-Kader n'est plus considéré comme un ennemi de la France. Avec le secret espoir de retrouver Khadidja, il rejoint l'émir et devient son interprète et homme de confiance. Des doutes se sont élevés sur cette période de sa vie, certains l'ayant soupçonné de traîtrise et l'ayant considéré comme « agent double ». Son apparence sous le costume musulman et la prise même d'une identité arabe ont pu accréditer cette légende. S'est-il marié avec une musulmane ? S'est-il converti à l'Islam ? autant de questions demeurées sans réponse et qui ont donné lieu à des polémiques.

A la reprise des hostilités entre la France et l’Émir, il quitte celui-ci et part pour Oran, puis Alger où il sera, de novembre 1839 à février 1846, au service du Général Bugeaud. S'étant distingué au cours des campagnes de 1840-1841, il gagne toute la considération de Bugeaud et devient son interprète. Il est nommé interprète militaire de première classe en 1840, puis principal en 1845. Il est chargé de missions importantes à La Mecque et au Maroc, il participe aux opérations dans le Chélif, l'Ouarsenis, la Kabylie et s'illustre à la bataille d'Isly. Il figure dans le célèbre tableau d'Horace Vernet1 où on le voit en uniforme, montrant au Colonel Rivet des documents qu'il a trouvés sous la tente. Il s'agissait de la correspondance du Sultan à son fils qui fut traduite par Roches dans les mois qui suivirent.

Il obtient du gouvernement chérifien la ratification du traité du 18 mars 1845 délimitant la frontière algéro-marocaine.

Les qualités dont il fait preuve dans ces délicates missions, sa connaissance approfondie de la langue et des mœurs indigènes, son patriotisme ardent, le désignent pour le poste de secrétaire de légation à Tanger en 1848, puis consul général à Trieste (1849), à Tripoli (1852),à Tunis (1855), ministre plénipotentiaire au Japon (1863). Il est admis à la retraite en 1870.

Il s'est marié le 14 mai 1846 avec Camille de Chasteau, alors qu'il remplaçait son père comme chargé d'affaires en intérim. Ils auront deux filles : Marie née en 1847 et Mathilde en 1848.

Il est décédé le 23 juin 1870 au château de la Tourette à Floirac, à côté de Bordeaux, chez sa fille Marie et son gendre Manuel Laliman, et inhumé dans le caveau familial au cimetière de La Chartreuse.

Les Arabes conservaient de lui un précieux et amical souvenir. C'était, disaient-ils, un charmeur d'hommes par son caractère ouvert et sympathique. « La facilité avec laquelle il improvisait un discours en langue arabe, tenait du prodige, sa parole harmonieuse, chaude, colorée, persuasive, lui gagnait tous les cœurs en même temps qu'elle inspirait le respect. »2

Homme d'une haute conscience et d'une grande fidélité, il éprouvait un irrésistible besoin de se dévouer. Très attaché à Bugeaud, il est resté à son chevet lorsque celui-ci mourut, atteint du choléra.

Il avait reçu des mains du roi Louis-Philippe la Croix d'Officier de la Légion d'Honneur (janvier 1845).

A Alger une rue de Bab-el-Oued portait son nom. A Tunis, c'était une grande artère partant de la Porte de France à la Médina.

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1 Voir la biographie d'Horace Vernet dans Mémoire Plurielle 93.

2 Féraud Les interprètes de l'Armée d'Afrique.

 

 

BIBLIOGAPHIE

Léon Roches : 10 ans à travers l'Islam (1834-1844). Hachette Livre BNF le' mai 2013 (1ère édition 1904).

Léon Roches : 32 ans à travers l'Islam (1832-1864) . Ed. Aziew 1904.

Commandant R. Peyronnet Livre d'Or des Officiers des Affaires Indigènes (1830-1930) Tome II. Gouvernement Général de l'Algérie. Alger Soubiron 1930.

Roland Courtinat : L'Algérianiste n° 117 mars 2007.

Odette Goinard

 

 

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