Maurice

Guillaume

 
 

Chaumont, 1886

Paris, 1961

 

Lieutenant Guillaume, commandant de Tabor n° 5 Citation à l'ordre de l'armée juin 1912. « Au cours des émeutes de Fez, a fait preuve du plus grand sang-froid et du plus beau courage.

Malgré les coups de feu dirigés personnellement sur lui, a réussi, par son magnifique sang-froid et par son ascendant personnel sur tous ses hommes, à maintenir son Tabor dans l'ordre et le devoir jusqu'au dernier moment. Officier d'élite ».

Né à Chaumont (Haute-Marne) le 17 février 1886, Maurice Guillaume fit ses études au Petit Séminaire de Langres. Entré à Saint-Cyr, il fut reçu major de sa promotion en 1908. Dès sa sortie de l'Ecole, patronné par le général Sarrail, il est nommé au Maroc, à Ain- Tafralt, dans le massif d'Ebein­Snassen. Puis, Dubail, son ancien général à Saint-Cyr, l'affecte, en octobre 1911, à la mission militaire de Fez. Il en est le plus jeune,

Les 17-20 avril 1912 surviennent les terribles émeutes de Fez. Au moment de la prière de midi, les cent mosquées de Fez se couvrirent de drapeaux blancs. L'insurrection générale et la chasse à l'homme contre les infidèles se déclenchent d'un seul coup. Ce fut une affreuse tragédie pour les officiers français jetés sur des bûchers après qu'on leur eût brisé les cuisses. S'évanouissaient- ils, que les émeutiers les ranimaient en les aspergeant d'eau glacée et les remettaient dans la fournaise. Soixante-trois Français, dont douze officiers, sont tués. Une centaine de juifs du mellah(1) sont également massacrés. Les survivants trouvent refuge dans la ménagerie du sultan, à proximité des lions. Guillaume est sauvé grâce à ses propres Tabors qui l'enlèvent de force. Son attitude courageuse lui vaut une première citation à l'ordre de l'armée.

Et c'est la Grande Guerre. Guillaume est devenu le second de Lyautey(2). On sait que celui-ci était partisan d'une présence française au Maroc durant cette période. Aussi, à l'heure de la mobilisation dit-il à Guillaume : " Pas un mot. Le devoir est partout. Ici, plus qu'ailleurs. Avant tout, ne désorganisons rien. Tu auras le temps d'être brave ". De fait, quand le général consentit enfin à le laisser rejoindre Verdun, il fit preuve d'une grande bravoure et obtint six citations. Il est blessé à plusieurs reprises, " comme il convient " dit-il modestement.

A la fin de la guerre, il épouse une jeune infirmière de la Croix-Rouge, Germaine de Kératry, dont il avait fait la connaissance alors qu'elle rejoignait son ambulance au front et dont l'action courageuse lui avait valu la croix de guerre. A la fin février 1920, le président de la République, Paul Deschanel, qui l'avait connu et apprécié au Maroc, lui demanda de devenir son aide de camp, fonction qu'il exerça pendant quelques mois jusqu'à la démission du président. Travaillant avec la même ardeur qu'il déployait sous les drapeaux, il mena ensuite une carrière civile dans le journalisme, dirigeant successivement plusieurs journaux, dont La Dépêche Marocaine et le populaire Petit Parisien.

Puis vient la seconde guerre mondiale. Mobilisé en 1939, libéré en septembre 1940 et promu général de brigade, il entre dans la résistance. A ce titre, il est chargé par le maréchal Lyautey de la sauvegarde des cent mille Nord-Africains résidant en France. Il fournit de nombreux renseignements de tous ordres, et des documents, en particulier des plans de fortifications allemandes de Saint-Malo et de la Gironde. Il fait faire et distribuer de fausses cartes d'identité à des résistants et à des Nord-Africains évadés ainsi que de faux certificats médicaux afin de soustraire des Français au STO. Il distribue des tracts et des journaux clandestins, sauve des juifs, des communistes, et deux condamnés à mort par les Allemands. Tous ces faits, et d'autres, ont été certifiés par des attestations de personnalités éminentes, témoins ou co-participants de ces actions. Victime de vieilles haines contre lui, il est arrêté en novembre 1944, et emprisonné à la Santé, puis à Fresnes jusqu'au mois de mars 1945. Un non-lieu fut prononcé plus d'un an après.

Par une curieuse coïncidence, il meurt soudainement le 10 mai 1961, à l'issue de la cérémonie à laquelle il assistait sur l'esplanade des Invalides à l'occasion du transfert sous le dôme, des cendres du maréchal Lyautey.

 

OG.

D'après des documents fournis par la famille

1 Mellah: quartier juif dans les villes arabes.

2 Voir la biographie du maréchal Lyautey dans Les Cahiers d'Afrique du Nod N° 11.

 

 

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