Jérôme et Jean

Tharaud

Jérôme.

Saint-Junien, 1874

Varengeville s/Mer, 1953

 
 

Jean.

Saint-Junien, 1877

Paris, 1952

 

Jérôme

 

Jean

 

Indissolublement liés dans leur œuvre littéraire. les deux frères, profondément épris du Maroc, ont livré leurs impressions dans des lignes traduisant leur éblouissement devant la beauté de ce pays.

Nous ne pouvons dissocier les deux frères Tharaud, tant leur œuvre littéraire est conjointe. Ils ont, durant cinquante ans, poursuivi un travail à quatre mains, le cadet chargé du premier jet, l'aîné, responsable de la mise au point. Infatigables voyageurs, ils parcoururent de nombreux pays ­la Palestine, l'Iran, le Maroc, la Roumanie - ramenant de leurs voyages la matière de reportages et de livres dont on retiendra surtout la série marocaine.

Né à Saint-junien (Haute-Vienne) le 18 mai 1874, Jérôme fit ses études à Angoulême, puis au collège Sainte-Barbe à Paris. En 1896, il réussit le concours de l'Ecole Normale Supérieure dans la section lettres. Sa première affectation fut un poste de lecteur à l'Université de Budapest, mais il devait rapidement quitter la Hongrie pour rentrer en France, où il allait se consacrer à la littérature. Il devint en 1901 le secrétaire de Maurice Barrès, poste qu'il occupa jusqu'à la première guerre mondiale.

Jérôme Tharaud fut élu à l'Académie française le 1er décembre 1938, au fauteuil de Joseph Bédier. Dans La Vieille Dame du Quai Conti , le duc de Castries rapporte que la candidature de Jérôme Tharaud avait posé, aux académiciens, un cas de conscience. : l'écrivain en effet n'était que "la moitié d'un auteur". L'Académie jugea que rien n'empêchait d'élire d'abord Jérôme, puis Jean, son frère le moment venu. Jérôme fut reçu, le 18 janvier 1940, par Georges Duhamel. Celui-ci, répondant au discours d'entrée à l'Académie française de Jérôme Tharaud le 18 janvier 1940, déclarait : " ... plus de trente livres, des romans, des contes des récits historiques, des relations de voyages, des biographies, tout cela, bien vivant, bien varié ... Pour caractériser cette œuvre, il n'est pas difficile de trouver les mots essentiels ou mieux, les maîtres mots, humanité, impartialité, curiosité, goût des légendes, constant amour de la France ... " Né également à Saint-Junien, le 9 mai 1877, Jean grandit avec son frère aîné en Charente. Après ses études secondaires au lycée d'Angoulême, il échoua au concours de Saint-Cyr et s'installa à Paris pour préparer le concours de l'Inspection des finances. Après un nouvel échec, il modifia sa trajectoire et se lança dans les lettres, commençant, avec son frère Jérôme, une carrière d'écrivains inséparables. Dans le sillage de son aîné, il rencontra Barrès dont il fut le secrétaire, lors des absences de Jérôme. La carrière de ce chroniqueur, romancier et mémorialiste est indissociable de celle de son frère, avec lequel il cosigna tous ses ouvrages.

Jean Tharaud fut élu à l'Académie française au fauteuil de Louis Bertrand(1). Il fut reçu le 12 décembre 1946 par Louis Madelin. Retenons une phrase du discours de ce dernier, évoquant les récits consacrés au Maroc, "vous avez conté cette histoire sous d'incomparables couleurs, mais aussi avec beaucoup de sûreté dans l'information. Quand un fait vous paraît douteux, vous vous tirez d'embarras en empruntant aux orientaux la formule selon laquelle Dieu seul connaît la vérité".

"Pour la deuxième fois, en deux ans, on voyait un frère rejoindre son aîné" écrit, à propos de cette élection, le duc de Castries. Avec Maurice et Louis de Broglie (élus respectivement en 1934 et 1944), Jérôme et Jean Tharaud constituaient le second duo fraternel à siéger sous la Coupole au XXème siècle.

Les deux frères connurent le Maroc en 1917. Reçus par Lyautey ils ne pouvaient avoir de meilleur guide pour visiter le pays. Celui-ci leur communiqua l'amour des gens et des choses de l'Islam. Ils eurent la sensation de vivre dans un pays très ancien et plein de merveilles. "Si près de mon pays d'Europe, des vies si différentes, une humanité si lointaine ! J'avais moins l'impression de m'être éloigné de l'espace que d'avoir par  miracle reculé au fond des siècles". Ainsi s'est exprimé Jean pour exalter cette découverte fabuleuse.

Une grande amitié , mêlée d'admiration, avait lié Jérôme et Jean à Charles Péguy.

O. G.

1 - Biographie de Louis Bertrand dans Les Cahiers d'Afrique du Nord, N° 8.

 

 

Parmi leurs œuvres :

 

* Le Coltineur débile. 1898

* Marrakech ou les Seigneurs de l'Atlas, Librairie Plon 1920.

* Rabat ou les Heures marocaines. Ed. Plon 1921.

* La fête arabe. Plon 1922

* Fès ou les Bourgeois de l'Islam, 1930

* La nuit de Fès, 1932

* Le Maroc. Flammarion. Paris. 1932

* Les mille et un jours de l'Islam. 3 tomes:

  • Les cavaliers d'Allah. 1935

  • Les grains de la grenade. 1938

  • Le rayon vert. 1939

 

 

Bibliographie :

 

* Jean Bonnerot. Jérôme et Jean Tharaud, leur œuvre. La Nouvelle revue critique 1927.

 

 

retour à la page des biographies