Louis

Veuillot

 
 

Boynes (Loiret) 11 octobre 1813
Paris 7 mars 1883

Louis Veuillot (1813-1883)

Journaliste et polémiste, ancien secrétaire

du général Bugeaud en Algérie.

 

Ce fut un épisode assez peu connu dans la carrière mouvementée de ce personnage, rédacteur en chef du journal l’Univers, de ce catholique ultramontain, tour à tour légitimiste, farouche républicain, rallié à Napoléon III avant d’être son adversaire résolu. Il était né dans le Loiret d’une famille très pauvre; le père, tonnelier, s’installa à Bercy, la mère tenant une gargote pour les bateliers de la Seine. L’école révéla ses dons; autodidacte, il fut placé comme clerc d’huissier avant de devenir journaliste à L’Écho de la Seine Inférieure à 22 ans où il fit ses classes à la rubrique des Théâtres. Ses cours d’escrime lui furent utile car il devint un duelliste acharné contre ses confrères journalistes de tendances opposées. Alors qu’il penchait pour Béranger, un voyage à Rome en 1838 entraîna sa conversion au catholicisme le plus rigoureux. Le préfet de la Dordogne le réclama pour diriger un journal ministériel : le Mémorial de la Dordogne. C’est dans ce département qu’il rencontra le général Bugeaud qui y était propriétaire terrien. Lorsqu’il fut nommé en Algérie pour prendre le commandement de l’armée, il demanda à Louis Veuillot d’être son secrétaire . Il en tira une sorte de journal très pessimiste car les défaites s’accumulaient mais il rendait hommage au général dont la stratégie fut payante et dont la victoire à la bataille d’Isly renversa la situation.. Attaché au cabinet de Guizot il en démissionna en 1843 et entra au Figaro d’Alphonse Karr. Ce fut le temps de son militantisme en faveur du pouvoir temporel du pape et de ses attaques contre le clergé de France plus gallican. « C’était un religieux qui adore Dieu en grinçant des dents » selon ses contemporains. Le maréchal Bugeaud le fit entrer à l’Esprit public, institution qui dépendait du Ministère de l’Intérieur et de la Police avec de substantiels émoluments. Il se lasse et rejoint L’Univers, journal religieux ultramontain et commence une carrière de polémiste. On l’appelle « l’insulteur public ». Il traite ses adversaires de « cuistres, Diafoirus, greluches… Henri IV de pourceau pour ses mœurs et Lord Byron de bouc ». Il considère la révolution de 1848 : « une notification de la Providence ».

Républicain, il applaudit aux révolutions qui incendient l’Europe : « Que la république mette L’Église en possession de la liberté, il n’y aura pas de meilleurs républicains que les catholiques français. » (in l’Univers - 26 février 1848). Il publie une biographie de Pie IX mais le clergé français le désavoue et l’Univers est l’objet d’une condamnation par l’archevêque de Paris en 1853. Montalembert prend sa défense mais en se demandant si « cet irascible polémiste était un vrai chrétien ». Le pape l’appelle à Rome où il plaide sa cause et le condamne pour la forme mais non sur le fond. En 1859, il publie dans l’Univers, l’Encyclique de Pie IX qui condamne la politique italienne de Napoléon III. Un décret impérial ordonna la suppression du journal qui ne reparaîtra qu’en 1867. Pour être de nouveau interdit en 1874, car, fidèle à ses convictions ultramontaines, il avait attaqué le gouvernement italien, coupable d’avoir supprimé le pouvoir temporel du pape sur ses états et les avoir réunis à l’Italie. Il mourut à Paris en 1883.

 

BIBLIOGAPHIE

Louis Veuillot a laissé de nombreux ouvrages : mêlant, selon la critique, l’harmonie du style à la violence et à la colère. Des romans religieux : Pierre Saintive (1840) ; Agnès de Lauwens (1842) ; L’honnête femme (1844) ; L’Esclave Vindex (1850). Des essais : L’Odeur de Paris ( 1848) sur les écrivains contem-porains ; Études sur Victor Hugo (1885) : Il avait polémiqué avec ce dernier qui ne fut pas en reste : « Alors ce va-nu-pieds songea de sa mansarde/ Et se voyant sans cœur, sans style et sans esprit / Imagina de mettre une feuille poissarde au service de Jésus-Christ » ( In Eugène de Mirecourt, Les Contemporains, T 10 1855). Il rédigea après la biographie de Pie IX, une Vie de Jésus (1863) et des Vies de religieux. Dans La Papauté et la diplomatie, il défendit l’infaillibilité pontifical et le pouvoir temporel. Il aimait par-dessus tout la provocation et s’opposer aux idées reçues. On en jugera par son plaidoyer en faveur de Néron : « Néron, fou, féroce, tout puissant et lâche. Et en même temps un lettré, un artiste, un magnifique. Il a en lui toutes les sèves et les lumières de la civilisation romaine. Il en est le fruit suprême, la maturité ». ( In Le Parfum de Rome, 1865 ). Le livre sur ses souvenirs d’Algérie, dans la suite du maréchal Bugeaud, n’est pas mentionné.

 

Annie Krieger-Krynicki

 

 

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