Charles-Louis

Pinson de Ménerville

 

Paris le 8 avril 1808

Alger 1876

 

Que sait-on des hommes qui, un jour, laissèrent leur nom à un village, à une ville, un nom parfois célèbre mais aussi bien souvent assez peu connu. Il nous a paru intéressant de retracer le parcours de certains de ces hommes et de redire, comme aujourd'hui, le temps d'un bref article, le nom de Ménerville, « centre de population » créé en 1873, autrefois Col de Beni Aïcha, passage obligé de la Mitidja à la Kabylie. Ménerville qui a, une fois encore, changé de nom et s'appelle désormais Thania.

Nous évoquons ici M. de Ménerville dans un texte écrit en 1890 et publié avec d'autres biographies sous le titre Le Livre d'or de l'Algérie.

 

Charles-Louis Pinson de Ménerville, ancien premier président de la Cour d'appel d'Alger, est né à Paris le 8 avril 1808.

C'est en 1831, presque au lendemain de la conquête, que M. Pinson de nerville vint occuper un modeste emploi de secrétaire au bureau sanitaire du port d'Alger. Mais lorsque, un peu plus tard, le service judiciaire de la nouvelle colonie s'organisa, ses goûts, ses aptitudes, en même temps que ses études préparatoires, le portèrent à résigner des fonctions dans lesquelles il avait cependant gagné déjà un grade plus élevé.

Un emploi de défenseur près le tribunal d'Alger vint, en 1834, lui permettre de révéler et d'appliquer ses aptitudes judiciaires. Il l'occupa pendant huit années, consacrées aux labeurs du cabinet et aux bats de l'audience. Fort de l'expérience acquise, M. de Ménerville accepta en 1842 les fonctions de juge à Philippeville. Bientôt chargé de l'instruction, il déploya dans ces délicates fonctions cet esprit sagace, perspicace et fin qui formait le fond de sa nature.

En 1844 fut créé le tribunal de Bône, et à M. de Ménerville échut l'honneur d'être mis à la tête de son parquet. Nommé vice-psident du tribunal d'Alger en 1849, conseiller à la cour en 1852, il fut signabientôt comme un président d'assises remarquable et l'on put dire que « nul ne maniait avec plus d'habileté l'interrogatoire et ne conduisait les débats à leur dénouement par des voies plus directes et plus rapides ».

Chevalier de la gion d'Honneur en 1858, président de chambre en 1864, officier de l'ordre en 1869, il parvint à la position la plus haute de la magistrature algérienne, à celle de premier président, le 14 novembre 1874.

C'est dans ces hautes fonctions que la mort est venue le surprendre en juin 1876.

Il a laissé le souvenir d'un magistrat de grand mérite, unissant la science du droit à la saine pratique des affaires, un coup d'œil prompt et habile à dégager le point décisif du litige, et, comme toutes les supériorités se touchent, il savait allier à ces rares qualités le charme de l'esprit le plus ouvert et le plus fin, le commerce le plus sympathique et le plus sûr et, par-dessus tout, une affable simplicité qui faisait qu'on s'attachait à lui, pour ainsi dire, instinctivement.

M. de Ménerville a laissé après lui un témoignage impérissable de sa vie laborieuse: le « Dictionnaire de la législation algérienne », ce livre dans lequel se trouvent réunis et coordonnés tous les décrets, toutes les ordonnances, tous les arrêtés relatifs à l'Algérie.

En 1855, M. de Ménerville avait publié « la jurisprudence de la cour impériale d'Alger en matière civile et commerciale ».

 

Narcisse Faucon

 

 

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