Camille Arambourg

 

homo fossilis

Paris 1885

Paris 1969

 

Photos extraites du tiré à part du bulletin de la Société préhistorique française: Camille Arambourg et Louis Leakey ou un 1/2 siècle de paléontologie africaine, par Yves Coppens, 1980.

 

Camille Arambourg était une sommité de la paléontologie. Universellement reconnu comme un grand découvreur, comme un savant, c'était aussi un homme chaleureux, d'une grande disponibilité. Sa carrière a pris naissance en Algérie où il a fait ses premières découvertes.. Yves Coppens, le directeur du Musée de l'Homme, qui fut son collaborateur et son ami, nous dit, en quelques lignes, l'essentiel de cette longue carrière.

C'est à Paris que Camille Arambourg naît en février 1885, et meurt en novembre 1969. C'est aussi à Paris qu'il fait ses études secondaires, puis ses études supérieures.

Mais il avait une seconde patrie, l'Afrique du Nord. Il avait quelques mois lorsque ses parents l'emmenèrent en Algérie pour la première fois, et c'est dans les vignobles de son père, dans l'Oranais, qu'il fit ses premières armes d'ingénieur agronome ; il enseignera 10 ans la géologie à l'Institut agricole d'Alger avant de se fixer à Paris en 1930, fixation d'ailleurs relative car, nommé professeur de géologie à l'Institut national agronomique de 1930 à 1936, puis professeur au Muséum national d'histoire naturelle de 1936 à 1956, il n'y eut guère d'années qui ne le virent effectuer deux ou trois voyages en Tunisie, en Algérie ou au Maroc.

Lorsque l'on parcourt les 231 titres de son œuvre scientifique, c'est en effet l'Afrique qui occupe, de très loin, le premier plan puisqu'elle fait l'objet de plus de 150 de ses travaux et qu'elle est largement présente dans une cinquantaine d'autres ; en tout premier lieu l'Afrique du Nord, qui représente, à elle seule, 108 ouvrages et articles.

Sa passion pour les sciences de la nature était très ancienne puisque, dès le lycée, ses camarades l'appelaient "l'homme fossile" ; son choix définitif des sciences paléontologiques s'attache d'ailleurs à des circonstances bien particulières qu'il aimait à raconter. Quand, en 1909, Arambourg, jeune ingénieur agronome de 23 ans, va rejoindre les vignobles familiaux de la région d'Oran, son père lui demande d'étudier les possibilités d'une meilleure irrigation de ses cultures. Et cette recherche hydrogéologique le conduit à recueillir, dans les marnes et les tripolis d'un étage du Miocène, le Sahélien, les restes de très nombreuses espèces de poissons fossiles; cette récolte va faire naître chez lui une véritable passion pour la paléontologie. Il ne restera que 6 ans agriculteur et lorsqu'il rentrera de la guerre en 1920, ce sera en qualité de professeur de géologie à l'Institut agricole d'Alger. Il pourra alors non seulement poursuivre, ses récoltes mais les étudier dans les laboratoires algérois et parisiens.

Ses nombreux travaux sur les mammifères l'ont naturellement conduit à traiter du groupe des Hominidés auquel il a consacré 72 publications ; les Australopithèques que nous découvrîmes ensemble en Ethiopie, les industries de galets aménagés qu'il reconnut avec L. Balout dans le Constantinois, les Pithécanthropes qu'il mit au jour avec R. Hoffstetter à Ternifine et qu'il appela Atlanthropes, les Néandertaliens du Djebel Irhoud que lui offrit E. Ennouchi, les hommes fossiles du Paléolithique supérieur qu'il récolta dans les grottes d'Afalou-bou-Rhummel et des Beni-Segoual, le firent se pencher sur les problèmes d'origine et d'évolution de l'Homme. Il a exposé ses "Humanité" (PUF, Que sais-je ) qui a eu un tel succès que l'année de sa mort, en 1969, Camille Arambourg en publiait une 8e édition, 27 ans après l'édition originale, traduite en portugais, en japonais, en hollandais.

Camille Arambourg était un homme de terrain. "J'ai consacré à la recherche sur le terrain une grande partie de mon activité", écrit-il, "j'ai en effet toujours pensé qu'il y avait pour un Paléontologiste le plus grand intérêt à effectuer lui-même la récolte .. H. C'était aussi un naturaliste dans le plein sens du terme : c'est à travers la nature d'aujourd'hui qu'il voulait appréhender la nature passée: "Les fossiles sont des vestiges d'êtres qui ont vécu et c'est en tant qu'êtres vivants qu'ils doivent être considérés", écrit-il encore.

Qu'il me soit permis d'ajouter une note personnelle sur l'homme qu'était Camille Arambourg. Très chaleureux, très courtois, très modeste, doué d'une grande puissance de travail associée à une grande énergie, la retraite n'avait été pour lui qu'une date administrative, et les riverains du Jardin des Plantes et des ruelles du 5e arrondissement, gardent certainement encore le souvenir de sa silhouette, bien droite, se rendant à pied de son domicile, rue Lagarde, au Muséum où nous travaillions encore ensemble en novembre 1969, quelques jours avant sa mort .•

 

Yves Coppens

 

 

 

Camille Arambourg a été officier ait 2 e et au 3 zouaves puis au 1er  régiment d'Afrique.

 

 

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