Robert

Randau

 
 

Alger 1873

Alger 1950

Haut fonctionnaire, ethnologue, explorateur, écrivain et poète, Robert Randau n’a cessé sa vie durant d’associer ses œuvres et son  action pour promouvoir le mouvement algérianiste dont il fut l’un des premiers  protagonistes.

Robert ARNAUD connu sous le pseudonyme de RANDAU est né à Alger en 1873.  Sa famille est installée dans cette ville depuis 1844, année où son  grand père maternel Robert Arnaud Ducheyron de Beaumont du Pavillon avait été affecté dans le corps naissant des spahis d’Afrique.   Elevé très sévèrement par son père, il refuse d’entrer dans les ordres comme le souhaitait sa mère.  Il fait ses études secondaires au lycée d’Alger, puis à l’Université où il acquiert brillamment sa licence en droit.

Il décide ensuite de se rendre à Paris pour y suivre les cours de l’Ecole des Sciences Politiques et ceux de l’Ecole coloniale où il sera reçu major en 1896.  Parlant couramment l’arabe, il reçoit une prime lors du concours du Gouvernement Général pour ses connaissances dans la langue.

Il se lie en France avec Sadia Lévy et écrivent ensemble un roman original de mœurs juives, Rabbin.

En 1898 il est reçu premier au concours d’adjoint de commune mixte.  Sorti également  premier au concours d’interprète, il est nommé général de l’armée, détaché aux affaires indigènes.

En 1900, il noue un mariage heureux avec Renée Battandier, fille du botaniste Battandier, professeur à la Faculté de Mustapha Supérieur.

Sa carrière va essentiellement se dérouler en Afrique profonde.  Il est chargé de nombreuses missions  qui vont le conduire au fil des ans aux  quatre coins du continent.  Il séjourne à Dakar, en Mauritanie Saharienne. En 1906 il entame une mission chez les Touaregs avec Xavier Coppolani.  Les  deux hommes se sont liés d’amitié  et luttent ensemble pour abolir l’esclavage au Mali.  Coppolani hélas sera assassiné lors d’une embuscade tendue à Tidjikjat.

En 1909, il est nommé dans le corps des administrateurs coloniaux pour services éminents rendus à l’expansion française en A.O.F. Jusqu’en 1913, il est chef du service des affaires musulmanes au Gouvernement Général de l’Algérie.

En 1917, il effectue un  périple  dans la région de Tombouctou où il est adjoint au commandant de région. Il devient  inspecteur des affaires administratives au Soudan à partir de 1919. 

De 1927 à 1928, il remplit les fonctions de gouverneur intérimaire en Haute-Volta.

Il parcourt aussi l’Afrique du Nord en tous sens avec l’amour de cette terre du Maghreb, avec le besoin de tout connaître d’elle, avec le dessein de déterminer par élaboration patiente de ses études et de ses sensations une littérature originale et africaine.

Pendant ses missions africaines aussi lointaines que variées, il compose des carnets de route où il consigne des observations précises sur les pays qu’il traverse et sur le mode de vie des différentes ethnies, illustrés de croquis représentant des villages, des mosquées,  des outils ou des objets cultuels servant aux rites des autochtones. Ces carnets de route deviendront son inspiration première lorsqu’il se mettra à écrire.   En effet son œuvre ne se compose pas moins de 36 romans, de poèmes et de nombreux articles parus dans diverses revues ou dans l’Echo d’Alger où il écrit régulièrement à partir de 1935.  Parmi les plus célèbres de ses romans vient en première place la trilogie algérianiste avec  Les Colons  en 1907,  les  Algérianistes  en 1911,  Cassard le Berbère  en 1921.  Dans un style truculent et quelque peu surchargé, il donne vie à des types locaux accentués. En outre, partisan convaincu d’une autonomie novatrice, il fonde une « association des écrivains algériens » qui décernera chaque année à partir de 1921 un prix littéraire de l’Algérie,  et il publie de 1924 à 1960 la revue Afrique Latine devenue Afrique.

 Avec Abd-el-Fikri il publie en 1933  Les compagnons du jardin  où un aréopage débat sans tabou de toutes les questions qui agitent la société algérienne.

Il nourrit des relations amicales avec les peintres Guérin et Benjamin Sarraillon1 qui illustre un exemplaire de  Cassard le Berbère .

Puis, c’est avec Jean Pomier qu’il noue une profonde amitié entretenue par une relation épistolaire sous forme de vers . Ce dernier, né en 1886 est le véritable père du terme « algérianisme ». Ce terme va être défini et formulé par Randau dans sa vigoureuse préface écrite pour une  anthologie de treize poètes africains.  Cette préface prit d’emblée le ton et l’allure d’un véritable manifeste appelant à cette Algérie de demain d’où il voit surgir un « futur peuple  franco-berbère, de langue et de civilisation française. »

Robert Randau, d’autre part, a été un des principaux collaborateurs de la revue La Grande France (1900-1904) qui s’est efforcée d’intéresser le public parisien à l’expansion de la civilisation française dans les pays du Maghreb et au développement de la littérature coloniale de la France.

Foudroyé par une attaque cérébrale, Robert Randau meurt le 4 août 1950 à 77 ans dans son appartement Boulevard St Saëns à Alger.

Cet homme, parfois méconnu restera,  tant par ses rapports administratifs que par ses écrits qui invitent au rêve, un des témoins essentiels de la vie et des coutumes des ethnies africaines au siècle dernier.  Son œuvre et son action lui valurent d’être appelé le « Kipling Africain ».

Odette Goinard

 

1 Voir la biographie de Benjamin Sarraillon dans Les Cahiers d’Afrique du Nord n° 4.

 

Distinctions honorifiques :

-              La Médaille Coloniale (1919)

-              La Légion d’Honneur (1920)

-              Grand prix littéraire de l’Algérie (1930)

-              Prix de la Fondation de l’Académie Française (1940)

 

 

 

PARMI Ses œuvres :

Romans

-                     Rabbin, avec Sadia Lévy, Havard fils, 1896

-                     Onze journées en force, avec Sadia Lévy, Alger, Adolphe Jourdan 1902

-                     Les Colons, roman de la patrie algérienne, Sansot 1907, rééd.  Albin Michel, coll. « l’Algérie Heureuse » , 1978

-                     Les Algérianistes, roman de la patrie algérienne, Sansot 1911, réédition Albin Michel, coll. « l’Algérie Heureuse », 1978

-                     Les Explorateurs, roman de la grande brousse, Sansot 1911, réédition Albin Michel, coll. « l’Algérie Heureuse », 1929

-                     Cassard le berbère, Belles Lettres, 1921

-                     L’homme qui rit jaune, Albin Michel 1926

-                     Diko, frère de la côte, Albin Michel 1929

-                     Les compagnons du jardin, avec Abdelkader Fikri, Donat  Montchrétien       1933

-                     Sur le pavé d’Alger, Alger Fontana 1937

-                     Le professeur Martin, petit bourgeois d’Alger, Alger Baconnier 1938

-                     Un Corse d’Algérie chez les hommes Bleus : Xavier Coppolani le pacificateur, Alger, Imbert 1939

-                     Isabelle Eberhardt, notes et souvenirs, Alger Charlot 1945, réédition 1989

Poésie

-                     Les dires de celui qui passe, Alger Adolphe Jourdan

 

 

 

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