Marthe

PIOTET-VARNIER

 

Alger 1919

Limoges 2000

 

Marthe PIOTET-VARNIER Alger 1919 -  Limoges 2000

 

 

Marthe Piotet, née Varnier, était issue d’une famille  installée en Algérie depuis fort longtemps.  Son grand-père paternel, Maurice Varnier (1851-1919), sous-préfet à Sidi-Bel-Abbès , fut nommé haut-commissaire du Gouvernement. Promu au poste de Gouverneur Général de l’Algérie par intérim en 1903, en remplacement de M. Revoil, il avait, en cette qualité,  accueilli et accompagné le Président Loubet lors de son voyage en Algérie.

Marthe a vécu sa jeunesse avec ses parents et ses deux sœurs aînées1 dans une villa sise Chemin Laperlier à Alger.

Douée pour le dessin et la peinture, elle suit une formation à l’Ecole des Beaux Arts d’Alger. Sous ses doigts naissent des tableaux de grands bouquets de pivoines et d’iris qui égayent les murs de la maison familiale.

En 1940, c’est la guerre. La vie calme et sereine de Marthe bascule. Elle a 21 ans et décide de se mettre au service de son  pays. Elle s’engage comme bénévole ambulancière de la Croix-Rouge française au 27ème corps d’armée du train, unité spécialisée dans la logistique, le transport matériel, munitions.  En 1941-42 elle suit des stages de mécanique auto et effectue des missions en ville et dans les terres sur un rayon de 300 km. Elle effectue des déplacements en Tunisie et au Maroc pour convoyer les enfants du Centre Georges Guynemer vers des familles d’accueil.

Le 8 novembre 1942, jour du débarquement américain en Afrique du Nord,  elle franchit la ligne des assaillants, pendant le combat, pour porter secours à des blessés de la batterie Duperré encerclée. En février 1943, elle signe son engagement dans le corps des AFAT (auxiliaires féminines de l’armée de terre) au 27ème train pour la durée de la guerre.

En mars-avril 1943, engagée volontaire dans la bataille de Tunisie, elle reçoit les blessés aux trains et aux avions. En juillet-août 1943, elle suit un stage sous la tente à Baba-Hassen (Alger) avec le corps expéditionnaire français et elle est la conductrice personnelle de madame Schneider, présidente de la Croix-Rouge française.

Le 11 octobre 1943 elle quitte Alger sur le croiseur école Jeanne d’Arc pour la campagne de Corse. Ambulancière, elle porte secours aux populations civiles, avec l’équipe de la SANA (Section Automobile Nord-Africaine).

Août 1944, nouvelle signature dans les AFAT. Elle suit à Alger des cours de formation et des stages en prévision d’un départ pour l’Extrême-Orient, puis est affectée au Service Action, bureau du chiffre-force. Ce service s’occupait de la recherche de renseignements et de la création de maquis au Laos pour lutter contre les Japonais.

Elle est détachée à Calcutta au service de cartographie et dessins de plans. 

En août 1945 elle est mutée à la DGER (Direction Générale des Etudes et Recherches Section Automobile Nord Africaine), chargée de missions avec grade de sous-lieutenant. Affectation aux chiffres Mayfair.

Elle rejoint l’Indochine en novembre 1945. C’est là qu’elle rencontre Robert Piotet, alors directeur des transmissions, qu’elle épousera en 1946 à Saïgon. Sa mission terminée, elle embarque sur le Joffre en 1947 et rentre à Alger. Elle est démobilisée en juin 1948.

Son attitude courageuse pendant la guerre lui a valu plusieurs citations.  Marthe ne parlait jamais de ses souvenirs de guerre. C’est grâce aux lettres écrites à ses parents de 1942 à 1944, ornées de croquis et dessins, que sa fille Annick a pu reconstituer cette période.

De retour à Alger après la guerre, elle retrouve une vie familiale avec son mari et sa fille, mais aussi ses pinceaux. Elle ne cesse de peindre et de perfectionner son art pour son plaisir personnel et celui d’offrir ses œuvres à son entourage amical. 

En 1962, l’indépendance de l’Algérie sonne l’exode de la famille qui s’installe à Limoges, capitale des arts du feu. Il faut trouver un moyen de subsistance. Les époux Piotet se lancent dans l’art de la porcelaine. Artistes tous deux, ils allient leurs talents et réussissent à monter une fabrique qui connaît un franc succès. Marthe est initiée à la technique de l’émail par M. Clément, maître émailleur réputé, qui lui enseigne le travail des émaux sur cuivre, le champlevé, le cloisonné. C’est une grande découverte pour cette artiste qui se  passionne pour cette nouvelle technique. Elle réalise des œuvres qui deviennent très recherchées pour leur finesse et leur beauté, tant en France qu’à l’étranger, notamment à New-York où elle expose avec succès dans la Cinquième Avenue. Elle reçoit de nombreux prix.

D’un tempérament bien trempé, Marthe était la discrétion même. D’une extrême modestie, toujours gaie et affable, elle a fait le bonheur de tous ceux qui l’ont approchée. Sa fille, artiste elle-même, s’attache à faire vivre le souvenir de sa mère, tant par la diffusion de ses œuvres picturales que par ses écrits.

D’après le témoignage d’Annick, fille de Marthe

 

Distinctions honorifiques

  • Croix de guerre 1939-1945 avec citation à l’ordre de la Brigade

  • Médaille du Mérite militaire

  • Médaille d’Extrême-Orient

 

Prix

  • Premier prix des Beaux-Arts d’Alger

  • Premier prix des Beaux-Arts de Calcutta

  • Deuxième prix de la ville de Pau 1968

  • Premier prix de la ville de Pau 1973

  • Diplôme d’honneur de la ville de Pau 1964

  • Prix André Ducretet

 

Œuvres

Il est évidemment impossible de faire la liste des très nombreux travaux exécutés par Marthe durant sa vie. Sa fille a entrepris de faire paraître sous forme de livres la période militaire de sa mère. Ceux-ci s’intitulent :

  • Destin : Tome 1. Roman. 187 pages illustrées.

  • Indochine : Tome 2. A paraître

  • Vietnam : Tome 3. A paraître.

 

1  Sa sœur Suzanne Pulicani a écrit la saga familiale dans plusieurs ouvrages.

 

 

retour à la page des biographies