Paul

Landowski

 

Sculpteur

 

Paris le 1ᵉʳ juin 1875

Boulogne-Billancourt 31 mars 1961

 

 

Landowski en 1895

 

 

 

 

Paul Landowski est né à Paris en 1875 d’une famille polonaise réfugiée en France. Son grand-père, officier polonais évadé de Sibérie, y avait trouvé asile en 1875. Son père, en 1882, fonda un hôpital pour tuberculeux à Alger où il passa son enfance. Il va étudier à Paris où il remporte le concours général en philosophie puis va suivre les cours de l’Académie Jullian en 1893. Pour gagner sa vie, à l’École de médecine, il dessine des planches de dissection pour les professeurs. Ce qui lui donnera cette absolue maîtrise de l’anatomie qu’il prouvera dans sa sculpture. Avec son David combattant, il obtient en 1900 le Prix de Rome de sculpture et est l’invité de la Villa Médicis qu’il quitte en 1906, pour s’installer à Boulogne- sur- Seine, ville à laquelle il restera fidèle et qui le lui rendra en créant un musée et un collège qui portent son nom. Il s’y marie et y élève quatre enfants. En 1910, il devient professeur à l’Académie Jullian. Pendant la guerre, il est affecté à la Section camouflage (rattachée au 13° Régiment d’infanterie).

En 1925, lors de l’Exposition des Arts Décoratifs, une salle est consacrée à son Temple de l’homme, ensemble à la fois sculptural et métaphysique. En 1926, il est nommé membre de l’Institut et chef d’atelier à l’École nationale des Beaux-Arts et devient membre de la Commission consultative pour l’Exposition coloniale.

Il va retrouver la villa Médicis comme directeur de 1933 à 1937. Retrouvailles encore avec le sculpteur Paul Belmondo1 Tous deux, accompagnés d’André Derain, vont aller en Allemagne, soutenir par des conférences et des cours de dessins des artistes prisonniers de guerre. Avec Paul Belmondo, il avait autrefois parcouru les rues de la casbah d’Alger, remplissant de croquis ses carnets de note. Après des voyages en Tunisie, il était allé au Maroc dont il avait tiré des sujets : le Fakir, Le voleur d’oranges. En 1961, Il s’est éteint à Boulogne à laquelle il a légué sa collection de travaux .

 

Certes il est le sculpteur par excellence des monuments. Un romancier a un peu ironisé sur sa démesure au sujet du monument aux morts de Saint-Quentin-en-Picardie : « Mémorial de plus de trente mètres de long et de plus de vingt de hauteur. Triple hommage aux morts de 70, aux Poilus de la guerre de 14-18 et aux morts civils de l’exode de 17, monument dessiné par Paul Landowski, architecte de la démesure, déjà embarqué dans les projets du Christ du Corcovado et du mausolée de Sun-Ya-Sen en Chine et qui se veut un nouveau Bartoldi ». ( In Taba - Taba, roman de Michel Deville ; Le Seuil )

Mais en réalité il a su comprendre et transposer l’esprit et les aspirations de ceux qui contemplent son œuvre. Ainsi ce fameux Christ Rédempteur qu’il raille et qui attire tant de visiteurs du monde entier, ignorant malheureusement souvent son nom, mais qui veille aussi sur les habitants de Rio de Janeiro qui ne s’imagineraient pas vivre sans son geste tutélaire depuis 1931.




 

Aux gardiens du feu éternel par Landowski

Lorsque les Fontaines de la Porte de Saint-Cloud (1928 – 1932) à Paris, furent cachées sous des bâches pour leur restauration, l’émoi fut grand : clients des cafés, habitants des maisons environnantes, fidèles de l’Église Sainte-Jeanne-de Chantal, jusqu’aux usager des stations d’autobus, s’inquiétant du sort de ce qu’ils appelaient familièrement les « obus ». Lorsque fut révélée la blancheur des sculptures, le soulagement et la joie furent considérables ( Voir clichés personnels ) .

Les fontaines de la Porte de Saint Cloud – Paris - avec les bas-reliefs de Paul Landowski

Encore plus familier, le Montaigne, siégeant depuis 1932, face à La Sorbonne, près du Boulevard Saint-Michel. Son soulier est usé jusqu’à la dorure du cuivre. Les étudiants s’attardaient à le frotter, pensant s’infuser avec la poudre du bronze, sa philosophie sceptique ou s’assurer sa protection aux examens ! Un autre statue qui fut populaire : celle de Georges Carpentier, boxeur idolâtré, malgré sa défaite contre l’américain Dempsey en 1921.

Monument de la Réformation – Genève - par Paul Landowski

Le Monument de la Réformation à Genève (1909-1917) dans son austérité grise et grandiose, est l’âme de la cité, avec au centre, son maître et inspirateur Calvin, natif de Noyon. Il fait l’objet de pèlerinage : visiteurs et fidèles protestants car il est encadré par les martyrs ou les penseurs : Théodore de Bèze(1519-1608). (Dans ses Psaumes, il exprime le pur calvinisme et joue un rôle au colloque de Poissy) et John Knox (1513-1572) : Traducteur de la Bible de Genève en anglais ; Écossais, adversaire de Marie Stuart. A droite se dressent les effigies de Cromwell et du prince de Transylvanie et de Hongrie, chef de l’insurrection contre l’Autriche, Étienne Bocskay (1556-1606), à gauche l’amiral de Coligny, Guillaume le Taciturne, le Grand Électeur. Huit bas- reliefs dus à des artistes suisses Monod et Tailleur retracent l’histoire du protestantisme.

A cet amoureux du Maroc, Pierre Lyautey a commandé un monument en marbre du Maréchal Lyautey. Et toujours fidèle au souvenir de son enfance, sa dernière œuvre avant sa mort en 1961,s’appelle La Méditerranée… .

Quant au Pavois d’Alger, il connut un sort aussi tragique que celui des combattants de 14-18, mort dans la boue des tranchées, perdus dans la mer ou écrasés par les obus : Il a été enseveli après l’indépendance de l’Algérie sous une chape de béton qui l’a rendu invisible...

(A la mémoire de Jean-Baptiste Marty, mon grand-père, porté disparu à 35 ans, dans le naufrage d’un bateau transporteur de troupes et de ravitaillement, coulé par la canonnade des sous-marins allemands entre le 1er octobre et le 20 octobre 1915 en rade d’Oran).

Annie Krieger Krynicki

Bibliographie

Amato Alain, Les Monuments en exil

Et tous nos remerciements pour les précisions et les archives documentaires qu’il a bien voulu nous transmettre pour cet article.

Cazenave Elisabeth Les artistes de l’Algérie

Cochet François La Grande Guerre, Fin d’un monde et début d’un siècle Perrin 2014

Dumaine David Les troupes coloniales dans la Grande Guerre ( 14-18) Castor Doc 2014

Goinard Pierre Algérie, l’œuvre française (Prix Lyautey de l’académie des Sciences d’ Outre-mer 2ème édition 2001)

Musée Paul Landowski Boulogne- Billancourt, 28 Avenue André Morizert 92100. Collection et legs de l’artiste : 303 sculptures, 565 dessins , 5 peintures, 59 carnets (journal et archives ) Photographie du sculpteur à différents âges de sa vie .

 

1 Voir la biographie de Paul Belmondo dans les Cahiers d’Afrique du Nord no 18

 

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