Paul

Belmondo

 
 

Alger 1898

Paris 1982

 

Reprenant les paroles de son ami Raymond Corbin. on peut dire que Paul Belmondo « était généreux dans ses rapports humains comme dans ses entreprises.

Il portait en lui la lumière des rivages de la Méditerranée. dans ses contacts chaleureux et indulgents animés de cette bonté qui émanait de toute sa personne ».

Paul Belmondo naît le 18 avril 1898 à Alger, alors ville française. Son père, d'origine piémontaise est forgeron au bassin du radoub et sa mère . offre la rare particularité d'être une sicilienne blonde aux yeux bleus.

Le jeune Belmondo fréquente l'école communale de son quartier et termine sa scolarité nanti du brevet. Comme il manifeste de précoces dons artistiques en dessin et en sculpture, il entre à l'École des Beaux-Arts d'Alger. Mais ses parents estiment prudent qu'il s'oriente également vers l'architecture.

La guerre de 1914-1918 va bouleverser les choses. Belmondo mobilisé en 1917, à 19 ans, versé dans l'infanterie de combat dans l'Est, sera blessé devant Saint-Mihiel, puis gazé.

Libéré en 1920, il reprend ses études à Alger, puis obtient une bourse pour continuer sa formation à l'École Nationale des Beaux-Arts de Paris. Il intègre alors l'atelier du sculpteur Jean Bouchet. Outre ses travaux de sculpture, il s'adonne à la pratique assidue du dessin qu'il considère toujours comme la discipline essentielle de tout créateur.

Travailleur acharné, plein de rigueur et d'une grande humilité, il est remarqué par le sculpteur Charles Despiau, qui l'accepte dans son atelier, s'attache à lui, l'encourage et lui prodigue maints conseils.

En 1926, Belmondo obtient le Grand Prix Artistique d'Afrique du Nord, puis le prix Blumenthal récompensant les jeunes talents, ce qui va lui permettre de visiter la Grèce et l'Italie où se confortera son admiration des œuvres de l'antiquité, du moyen âge et de la renaissance.

En 1930, il rencontre et épouse une étudiante en peinture, Madeleine Reynaud-Richard, qui renonce à des débuts prometteurs pour fonder un foyer exemplaire, lui épargnant toute contingence matérielle dont il n'avait cure. Le couple, très uni, eut la joie d'avoir deux garçons, dont le célèbre acteur Jean-Paul Belmondo, et une fille excellente danseuse, puis maître de ballet.

Au cours de cette période de l'entre­deux-guerres, Belmondo n'oubliera pas son Algérie natale. Il réalisera sur place les hauts reliefs du Foyer Civique d'Alger et siégera au jury chargé d'attribuer des bourses aux pensionnaires de la villa Abd­el-Tif.

Désormais, aussi bien dans son atelier d'Arcueil, puis après la guerre, dans celui de l'avenue Denfert-Rochereau, il travaille avec ardeur, maîtrisant tous les modes d'expression de son art : glaise, plâtre, bronze, pierre, marbre. Mais surtout s'inscrivant dans la grande lignée des Rodin et Maillol, il pratique la technique la plus noble et la plus exigeante du métier, la taille directe. C'est ainsi qu'il sculpte de nombreux portraits et bustes de sa famille, de son entourage ou de personnalités en vue. Il exécute également des commandes de l'État, des collectivités territoriales ou d'institutions. On lui doit notamment deux statues ornant le Trocadéro et les bas-relief du Pavillon français de l'Exposition Internationale de New York, ainsi que l'Apollon actuellement au Jardin des Tuileries. Il livrera également des statues magnifiant la beauté et la grâce de la femme, aux villes de Nice, Saint-Etienne, Albi. Il sculpte le buste de la République qui ornera le hall d'entrée du Gouvernement Général de l'Algérie. Il lui est enfin demandé de reproduire à l'identique la fresque de la Danse de Carpeaux en façade de l'Opéra de Paris dont l'original, trop dégradé, repose désormais dans les sous-sols du Louvre.

Sa passion pour le dessin l'amène à déployer l'éventail de son talent en nous donnant des planches à la mine de plomb, au fusain, puis des lavis et des sanguines. Pendant ses rares vacances, il s'emploie à peindre de délicats paysages, souvent rehaussés à l'encre. Enfin, il grave pour la Monnaie de Paris des dizaines de médailles honorant diverses personnalités s'étant illustrées dans le domaine de l'art ou des sciences.

Son talent largement reconnu sera désormais consacré. En 1953, il est nommé professeur à l'École nationale des Beaux-Arts. En 1958, il reçoit la Médaille d'Or des Artistes Français et en 1960, élu à l'Académie des Beaux-Arts, il entre à l'Institut. Déjà chevalier de la Légion d'honneur, il est élevé au grade de commandeur en 1972, étant par ailleurs officier dans l'Ordre Royal de Léopold de Belgique.

En 1976, l'Hôtel de la Monnaie de Paris organisera une rétrospective de son œuvre. Arrivé presque au terme de son existence, il se rend chaque jour à son atelier en disant «travailler, c'est ma plus grande joie ».

Bien que parvenu au faîte des honneurs, il se qualifiait de « maçon spécialisé». Il était aussi la générosité même, tant pour les jeunes qu'il accueillait volontiers, qu'à l'égard des vieux artistes auxquels il apportait une aide discrète et appréciée.

. Paul Belmondo s'est éteint le 1 er janvier 1982. Son décès est passé inaperçu du grand public. Il avait seulement été signalé par une annonce de douze lignes parue dans Le Monde. Cet artiste était sans doute trop classique pour les responsables de la Culture de l'époque qui ne s'intéressaient qu'aux seules avant-gardes ; le futurisme, le cubisme, l'art abstrait ... Pour réagir contre cette indifférence, ses enfants Ont estimé qu'un hommage devait lui être rendu et Ont effectué des recherches pour que lui soit consacré un musée. Leurs démarches ont abouti. C'est au château Buchillot à Boulogne-Billancourt que la quasi-totalité de ses œuvres seront regroupées, soit; 259 sculptures, 444 médailles et 878 dessins et carnets de croquis. Des travaux sont entrepris pour la rénovation de ce bâtiment et le musée devrait en principe être ouvert au public en 2009.

 

Pierre Gosa

 

BIBLIOGRAPHIE

 

Belmondo, dessins, aquarelles, Éditions du Chêne, Paris 1984.

Belmondo, la sculpture sereine, Édition d'Art Samozy, Paris 2001.

 

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