Moïse

Aboulker

 
 

Alger 1843

Alger 1880

 

Lorsque naît Moïse Aboulker, fils de Samuel en 1843, les juifs d'Algérie relèvent du statut de l'indigénat et ne sont pas citoyens français, qualité qui leur sera conférée en 1870 par le décret Crémieux. Certaines familles juives ont déjà à cœur néanmoins de donner à leurs enfants une éducation française. Les Aboulker sont du nombre.

Après son baccalauréat, Moïse décide d'entreprendre à Paris des études de médecine, fondant ce qui va de venir une véritable tradition familiale. Étudiant brillant, il est le premier des juifs d'Algérie à obtenir, en 1871, le titre français de docteur en médecine. En 1867, au cours de ses études, un décret de Napoléon III l'avait fait accéder avant l'heure, à la citoyenneté française.

Encore étudiant, il est le témoin à Paris de la défaite de 1870, de la proclamation de la République, du siège et de la Commune. Ses lettres à sa famille durant cette période, transportées par des pigeons voyageurs pardessus les lignes allemandes qui coupent la capitale de la province, forment une intéressante chronique des conditions de vie dramatiques des Parisiens pendant ces événements. Elles manifestent aussi une grande ferveur patriotique. En juin 1871 encore, alors que la défaite est consommée, Moïse Aboulker ne doute pas que les Prussiens soient écrasés par les armées françaises levées en province : « Jamais Paris ne se rendra », écrit-il. Lui-même paie de sa personne, en rendant pendant cette année sombre, des services médicaux remarqués, comme en atteste une lettre du maire du Xe arrondissement, en date du 20 décembre 1871, qui, en le félicitant pour son doctorat, le remercie de son dévouement pour les victimes de guerre. En témoignage de reconnaissance, cette municipalité lui décerne d'ailleurs une médaille.

Peu après, Moïse Aboulker rentre exercer la médecine à Alger. Il y épouse, le 4 février 1873, Adelaïde Azoubib, dont il aura une fille, Célestine, future épouse de Jules Harburger, et mère de Francis Harburger, artiste peintre renommé(1).

Sa mort prématurée, en 1880, est pleurée par ses confrères, comme en témoigne l'oraison funèbre prononcée par son ami, le docteur Caussanel.

 

O.G
D'après les archives privées de la famille Harburger

 

1. Voir la biographie de Francis Harburger dans Les Cahiers d'Afrique du Nord N° 15.

 

 

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