Pierre

Guillaume

 
 

Saint-Malo. 1925

Paris. 2002

 

Le commandant Guillaume n'est pas seulement l'original dépeint par Schoendorffer dans le célèbre film Le crabe tambour, mais aussi un officier d'élite, d'un tempérament extraordinaire qui s'est particulièrement distingué dans les combats, tout en faisant preuve d'un grand sens de l'organisation. Il sut galvaniser par son exemple les hommes qu'il dirigeait.

Fils de Maurice Guillaume, dont la biographie figure dans le présent numéro des Cahiers d'Afrique du Nord, il est né le 11 août 1925 à Saint-Malo Il fait ses premières études au collège des Jésuites de Franklin à Paris, puis est mis en pension au collège de Saint-Malo à partir de la cinquième. Répondant à une vocation de jeunesse, il passe en 1945 le concours d'entrée à l'Ecole Navale.

En dehors de ses services en mer sur le croiseur Duquesne en 1945, sur le Commandant de Pimodan de Saïgon à Shangaï en 1948, sur les sous-marins de Lorient en 1952, sur les vedettes côtières de Cherbourg en 1957, c'est aussi un combattant d'élite. qui mène une guerre de courses dans le delta du Mékong et du Fleuve Rouge en 1949-1950, qui combat brillamment le Vietminh. Il participe au sauvetage des populations catholiques qu'il évacue du Tonkin en Cochinchine d'avril à novembre 1954.

De mars à décembre 1956, il traverse en solitaire, sur son voilier, l'Océan Indien de Cochinchine en Somalie.

A la mort de son frère, tué en Algérie en 1957, à la tête de son unité de parachutistes(1), il demande à le remplacer et obtient sa mutation et change d'arme. Passer de l'Armée de terre en venant de l'Armée de mer, ne s'était pas fait depuis le début du siècle. Il fait alors un stage de parachutiste et se bat en Algérie à la tête d'un commando. Il participe à de nombreuses opérations dans les secteurs d'Orléansville, de Molière et de Ténès. Sans doute a-t-il la baraka car il échappe à trois reprises à des embuscades. Blessé, il est évacué en France et hospitalisé au Val de Grâce.

Dès qu'il reçoit l'exeat de ses médecins, il réclame son retour en Afrique du Nord. Il combat à nouveau dans le bled, mais, comme il le redoute, il doit réintégrer la Marine. Le 12 mars 1958, il passe lentement devant ses hommes alignés au " présentez armes ", en les fixant lentement un à un comme s'il voulait pour l'éternité graver dans sa mémoire leurs traits burinés. Le cœur brisé et fier d'eux, il s'en éloigne pour toujours.

Le voici affecté sur le Gustave Zédé puis sur l'Agenais dont il prend le commandement. Cependant, le discours de De Gaulle du 16 septembre 1959 proclamant l'autodétermination le rend de plus en plus soucieux sur le sort de l'Algérie française, aussi est-ce avec satisfaction qu'il se voit affecté à l'état-major du général Challe, commandant en chef des forces françaises en Algérie. Il rallie Alger le 1er juin 1960 alors que vient de se terminer " l'affaire des barricades ". Bien que la politique de De Gaulle lui paraisse de plus en plus ambiguë, Pierre ne peut penser que l'Algérie subisse le sort de l'Indochine. Mais le discours du général du 4 novembre 1960 évoquant l'Algérie Algérienne ne permet plus de douter de ses intentions.

Survient le putsch des généraux. Pierre Guillaume, fidèle à ses idées, s'y rallie. Mais ce coup de force ayant échoué, et le général Challe s'étant rendu, il décide de se constituer prisonnier. Mis aux arrêts de forteresse, il est emprisonné au Fort de l'Est, puis à Fresnes. Après un procès vite expédié, au cours duquel il déclare être de cœur avec ceux qui continuent à se battre dans la clandestinité, il est condamné à quatre ans de prison avec sursis , privé de son grade et exclu de l'armée.

Libéré, Pierre va continuer son combat pour l'Algérie française. Il part pour Alger, puis Oran et, sous une fausse identité, il exerce

une intense activité au sein de l'OAS. aux côtés du général Jouhaud. Il est arrêté le 21 mars 1962 et condamné à huit ans de prison. Il est tour à tour incarcéré à la Santé, à Fresnes, à Melun, à Rouen et à Tulle.

Amnistié en avril 1966, Pierre Guillaume, ayant dit adieu à l'Algérie, se lancera dans de nouvelles opérations. Il aide le mercenaire Bob Denard dans son action pour les révoltés du Biafra (1968) et des Comores (1977), soutient les maquis des Karens qu'il visite en 1994 et dirige une importante émission à Radio-Courtoisie jusqu'à sa mort en décembre 2002.

Nous nous devons d'ajouter que Pierre Guillaume a toujours témoigné et agi en faveur des harkis repliés en France. Symbole absolu de ses engagements, seule de ses nombreuses décorations, la croix d'officier de la Légion d'Honneur, qui lui avait été rendue en 1966, était déposée sur son cercueil. L'honneur lui suffisait pour son dernier grand voyage.

 

OG.

 

 

1 Celui-ci avait eu une attitude particulièrement courageuse au cours de l'accrochage où il perdit la vie

 

 

Parmi ses œuvres :

 

* Lieutenant de vaisseau Pierre Guillaume mémoires. Janvier 2006. Société Nouvelle Firmin Didot.

 

 

Bibliographie :

 

* On l'appelait " le crabe tambour ". Le destin du lieutenant de vaisseau Pierre Guillaume par Georges Fleury. Perrin février 2006.

 

 

Décorations :

 

* Légion cl 'honneur

- chevalier 01.05.51 (faits de guerre)

- officier 11.11.1960

* Croix de guerre T.O.E.

* Croix de la valeur militaire

* Médaille commémorative Algérie

* Croix de la vaillance vietnamienne

* Médaille coloniale d'Extrême Orient

 

 

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