Louis

Groisard

 
 

Vendée. 1899

Pernes-les-Fontaines. 1986

 

Fervent adepte de la francophonie. inlassable serviteur de la culture française. Louis Groisard mérite de demeurer dans nos mémoires comme un des apôtres les plus dévoués du rapprochement intellectuel franco­tunisien.

Né en Vendée, le 2 décembre 1899, Louis GroÎsard débarque donc en Tunisie en 1923, en possession des diplômes nécessaires pour enseigner. Il est d'abord nommé instituteur au Kef, puis à Siliana (où se situera le cadre de ses futurs romans). Après un bref retour d'un an en métropole, il retournera à Siliana jusqu'en 1931, date à laquelle il est nommé professeur de lettres au Cours Complémentaire de Maxula-Radès dans la banlieue de Tunis.

En 1937, promu Inspecteur de l'Enseignement du 1er degré, il doit alors quitter Tunis pour la France, en Lozère. Mais il reviendra en Afrique du Nord en janvier 1941, à Constantine, comme Inspecteur des écoles franco-arabes de Bône à Tamanrasset. Inspecteur de l'Enseignement à Bizerte d'octobre 1941 à 1943, réfugié à Porto­Farina pendant la campagne de Tunisie avec une partie de sa famille, il est ensuite nommé à Tunis où il continue sa carrière d'Inspecteur en Tunisie jusqu'en 1945, date à laquelle il rentre en France pour la terminer, via la Lozère, aux Sables d'Olonne, son pays d'origine.

Mais plus que sa carrière professionnelle, ce sont les activités littéraires et culturelles de Louis Groisard qui marqueront son passage en Tunisie.

Après avoir été lauréat en 1929, au 4ème concours de l'Académie de Franche poésie pour son poème Béatrix, c'est par deux recueils de vers de facture très classique: Les Harmonies africaines (1929) et Les bruits du large (1930), aux Editions La Kahéna, que Louis Groisard se révèle, le premier obtenant d'ailleurs l'important Prix littéraire de Carthage. A la suite de cela, il n'hésitera cependant pas à abandonner le genre pendant de longues années -jusqu'aux Nouvelles Harmonies africaines (Marvéjols, éd. Gévaudan, 1947) - afin de se consacrer à une vaste trilogie romanesque : Les Français en Afrique contant, à travers trois expériences particulières, la geste coloniale en Afrique du Nord. Le baiser sur les yeux (Tunis, la Kahéna, 1933) évoque, non sans hardiesse, l'existence de la Française aux Colonies et les risques qu'elle y court. Défricheurs (La Kahéna, 1936) puise plus directement dans l'expérience personnelle de l'auteur pour s'interroger sur le rôle de l'instituteur et de l'enseignement français. Le dernier volet de la trilogie traite enfin des relations difficiles entre le colon et l'administration (Le colon du Djebe1 Selloum).

Unique dans la littérature française inspirée par la Tunisie, cette vaste fresque évoque les rapports entre le Colonial et l'Afrique comme un corps-à-corps constant et incertain. Le présent étant affaire d'énergie, tout futur ne peut ~tre qu'hypothétique. Une nouvelle race, pleine d'esprit d'entreprise et de positive rusticité, doit naître de ce contact quotidien faute de quoi l'avenir de la France sur cette terre est compromis : on retrouve là bien des thèses algérianistes, que défendait notamment Robert Randau, ami de Louis Groisard.

Mais le rôle de Groisard en Tunisie ne se limite pas à la création poétique et roma­nesque. Secrétaire général de l'importante Société des Ecrivains de l'Afrique du Nord (S.E.AN.) de 1930 à 1934, il entra, à ce titre, en relation avec Randau, lui- même responsable de l'Association des Ecrivains Algériens. Il eut à fournir un réel effort pour l'expansion des Lettres françaises en Afrique du Nord, et la reconnaissance de " l'école nord-africaine " en métropole. C'est ainsi qu'il fut en 1931 délégué par le Gouvernement du Protectorat au congrès de littérature coloniale de Marseille, et collabora, à de nombreuses revues françaises (Corymbe, les Nouvelles littéraires ... ) et nord-africaines (La Kahéna, les Annales nord-africaines, la Revue méditerranéenne...)

Après le retour au pays de son ami Pierre Hubac, Louis Groisard doit abandonner ses fonctions de secrétaire général de la S.E.AN. pour reprendre la direction des éditions La Kahena, lesquelles après 1938, auront peine à survivre à son propre départ.

De 1956 à 1966, déjà à la retraite, il est responsable chez Ratier des publications pédagogiques du premier degré. Et, à ce titre, il crée en 1958 la revue l 'Instituteur, qui connaîtra une belle carrière. Dans ce cadre, il publia en collaboration avec des auteurs de France, d'Afrique du Nord et d'Afrique Noire, les séries de livres de français : l'Ami fidèle et Matins d'Afrique.

Louis Groisard était en outre doué de talents artistiques. Il fut, à la fin de sa vie, un peintre fécond et novateur, s'efforçant de créer une " peinture musicalisée " qui transposait en ondes colorées les ondes musicales.

 

Guy Dugas
et compléments apportés par sa fille Rolande Groisard

 

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