Adrien

Berbrugger

 
 

Paris, 1801

Alger, 1869

La Bibliothèque Nationale d'Alger 1862-1958

 

Adrien Berbrugger est sans contredit, une des grandes figures de l'Algérie française à ses débuts. Il a rendu à ce pays des services éminents comme journaliste, historien, archéologue et conservateur de la Bibliothèque Nationale d'Alger. Celle-ci fut installée en 1862- à Dar Mustapha Pacha, maison de style mauresque, ancien palais du dey, rue de l'Etat-major.

Elle fut transférée en 1958 dans le quartier des Tagarins et par son importance, se rangeait en 1962 immédiatement après celle de Paris.

Né à Paris le 11 mai 1801, Adrien Berbrugger s'était déjà fait connaître tout jeune par l'édition de plusieurs livres, avant d'entrer à l'Ecole des Chartes en 1830.

Après la Révolution de Juillet, il était entré en plein dans le socialisme de l'époque et il défendait les idées phalanstériennes dans les journaux du temps et dans des conférences publiques à Paris, Marseille, Besançon, Dijon et Londres. Il en fit même une à Alger en 1833, où il passa quelque temps avant de travailler deux ans en Angleterre à des études historiques.

 Appelé à Alger en 1835 en qualité de secrétaire particulier du Gouverneur Général Clauzel, il avait déjà acquis une grande réputation dans les lettres et dans les sciences. Il ne tarda pas à devenir rédacteur en chef du Moniteur Algérien, organe officiel de l'administration, dans lequel, à côté des textes réglementaires et des annonces, il faisait place à des articles d'archéologie romaine et d'histoire algérienne. Il lui donna ainsi une allure plus vive et plus littéraire ainsi qu'un caractère politique. Par décision du Ministre de la Guerre, il fut également nommé conservateur de la nouvelle Bibliothèque. Ces doubles fonctions ne l'empêchèrent pas cependant d'accompagner le maréchal Clauzel dans ses expéditions au Tombeau de la Chrétienne, à Mascara, Tlemcen, Médéa et Constantine.

Lorsque le maréchal Clauzel fut remplacé par le maréchal Damrémont, Adrien Berbrugger donna sa démission de rédacteur en chef du Moniteur et se consacra à ses fonctions de bibliothécaire et d'archéologue. La Bibliothèque Nationale d'Alger avait été fondée en 1832 par M. Genty de Bussy; mais cette fondation avait été tellement incomplète que Adrien Berbrugger a toujours été considéré comme en étant le fondateur. On lui doit en effet le fonds littéraire initial. Après la première expédition de Constantine, il revint à Alger avec des manuscrits arabes comprenant près de deux mille volumes, lesquels furent déposés à la Bibliothèque d'Alger qui commença alors à prendre une certaine importance. Grâce à l'Intendant civil Bresson un budget régulier fut alloué pour son fonctionnement.

C'est en 1837 que notre savant fut envoyé en mission à Guelma. Il fît alors des découvertes intéressantes sur cette ancienne ville romaine, ce qui lui valut une médaille d'or de l'Académie des Inscriptions et Belles- Lettres.

La même année, il fut envoyé auprès de l'émir Abd-el-Kader et publia, à son retour, son livre Voyage au camp d'Abd-el-Kader.

En 1838, il reçut la croix de la Légion d'honneur, puis, quelques mois plus tard, une nouvelle médaille d'or de l'Académie des Inscriptions et Belles- Lettres, dont il devint en 1839, le membre correspondant. Nommé membre de la Commission scientifique de l'Algérie, il fit un nouveau voyage à Constantine, un autre dans l'lIe Salite à la Calle, des explorations dans le mont Edough et des recherches à Cherchell. L'évêque d'Alger l'ayant nommé membre de la Commission d'échange des prisonniers auprès d'Abd-el-Kader(1), il fit en 1840 un voyage dans l'intérieur et coopéra en la même qualité à l'échange qui eut lieu à Boufarik le 18 mai.

De plus en plus, cet homme d'une activité extraordinaire allait se consacrer au passé de l'Algérie, surtout à partir du 1er mars 1856, lorsqu'il reçut du gouverneur général Randon la mission d'organiser une société savante. Ce fut la Société historique algérienne. Il fut le premier des quatorze présidents qui la conduisirent jusqu'en 1962. Il lança alors un bulletin trimestriel, la Revue africaine dont il allait être l'animateur jusqu'à sa mort. On y trouvait, à côté d'articles de fond d'épigraphie, d'archéologie, d'histoire et de géographie historique, des publications de textes, des chroniques et des bulletins abondants mêlant les informations, la bibliographie, les découvertes et les correspondances. C'est par la traduction des manuscrits arabes qu'il découvrit l'endroit où avaient été déposés les restes du martyr Géronimo qui furent transférés à la cathédrale d'Alger en grande cérémonie.

L'autorité de Berbrugger était reconnue par tous. En 1865, il fut élevé à la dignité de commandeur de la Légion d'honneur et c'est à la Bibliothèque et de la main même de l'Empereur, alors en voyage en Algérie, qu'il en reçut le cordon.

Absorbé par son amour de l'étude, Berbrugger ne s'occupait jamais de ses intérêts personnels et il se contenta durant de nombreuses années de son modeste traitement de bibliothécaire jusqu'à ce que celui-ci fut relevé sur intervention du ministre Chasseloup-Laubat.

Atteint par la maladie en 1869, il fut envoyé quelques mois en France mais il devait décéder quelques temps plus tard dans cette Algérie à laquelle il avait consacré toute sa puissance de travail.

 

O.G.

 

1 On rappelle que durant la lutte contre Abd-el- Kader aux multiples épisodes, qui dura quinze ans (de 1832 à 1847), un traité de paix, avec échange de prisonniers avait été signé entre le général Desmichels et l'émir par convention du 24 février 1834.

 

 

Parmi ses œuvres :

 

Une bibliographie exhaustive des œuvres de Berbrugger serait très longue. Nous ne citerons donc que quelques œuvres parues notamment dans la Reue Africaine.

* Relation de l'expédition de Mascara, Paris 1836.

* Voyage au camp d'Abd-d-Kader. Revue des Deux Mode: 1838.

* Voyage pittoresque en Algérie ou recueil de vues, costumes et portraits. Paris 1838.

* Notice sur les antiquités romaines d'Alger. Alger, Bourget 1845.

* Le Peñon d'Alger ou les origines du gouvernement turc en Algérie, Alger, Bourget 1860.

* Le Tombeau de la Chrétienne mausolée des rois mauritaniens de la dernière dynastie. Paris Challamel, 1867.

* Oran sous les Espagnols. Expéditions et razzias. 1869.

 

Bibliographie:

 

* Souvenirs algériens par Joseph-François Aumerat. Blida, imprimerie Mauguin 1898.

* Adrien Berbrugger : Hommes et Destins. Tome VII. 1986, article de X. Yacono.

 

 

 

La Bibliothèque Nationale d'Alger 1959

 

 

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