Sauveur

Crescenzo

 
 

Alger. 1903

Neauphle le Château. 1969

 

Homme de grande valeur professionnelle et morale. Sauveur Crescenzo a su dans les circonstances les plus difficiles. remplir des fonctions d'imprimeur. en faisant l'unanimité autour de lui.

Issu d'une famille d'imprimeurs, Sauveur Crescenzo, né le 17 mai 1903 à Alger, était le dernier de quatre enfants, dont trois avaient suivi les traces de leur père, Pascal Crescenzo, établi en Algérie en 1893. Celui-ci avait, notamment, imprimé en 1910, l'Histoire générale de l'Algérie d'Henri Garrot. Sauveur fit ses études au Lycée Bugeaud d'Alger. C'est après son mariage avec Clotilde Desmaison, en 1927, qu'il créa sa propre affaire, l'imprimerie Nord-Africaine, située 8, rue Drouillet, à Alger. Dès le début il s'était spécialisé dans l'impression de thèses médicales, dans le délai d'une semaine, ce qui ne l'empêchait pas de collaborer à de nombreux autres travaux : le rapport du Conseil Général pour la Préfecture d'Alger, l'Université, Les Chemins de fer Algériens, l'Archevêché dont l'ordo, la Semaine religieuse.

Il ne fut pas mobilisé en 1939, en raison d'un grave accident.

Le 6 mai 1943, l'imprimerie fut réquisitionnée par le Commissariat à la guerre et mise sous la garde continue de l'Armée qui assurait la sécurité pour l'impression des fascicules de la Direction du Chiffre. La compétence professionnelle de Sauveur, ainsi que celle de ses collaborateurs, et son intégrité, lui valurent des certificats très élogieux des autorités militaires, les colonels Joubert des Ouches et Merlin. (Il aurait bien mérité la Légion d'Honneur).

De nombreuses générations des deux communautés furent initiées à ce métier. C'est ainsi que Sauveur Crescenzo aida à l'installation à El Biar d'un ouvrier machiniste, A Boudaoud.

Dans les années 1950, l'imprimerie fit l'acquisition d'un machine offset, dynamisant ainsi le processus d'impression. De nombreux journaux sont sortis de ses presses, en particulier le Journal de la Shell, sous l'égide de Jean de la Hogue et dont Benjamin Sarraillon(1) était le conseiller. Citons aussi une revue trimestrielle sur le cancer tenue par le Professeur Montpellier, créateur du Centre anticancéreux d'Alger, ainsi que le journal Enfance de madame Charles-Vallin.

Il y a trois ans, nous avons appris par un ancien collaborateur, Saadi Arkoub, que lui-même, avec un de ses compatriotes, A Boudaoud cité plus haut avait empêché le personnel de saboter le matériel pendant les événements que nous connaissons. Bien des années se sont écoulées, et ces mêmes défenseurs, évoquant le passé de Sauveur Crescenzo, ont loué sa clairvoyance, son bon sens, sa bonté. Ils l'avaient apprécié et avaient gardé une grande déférence envers lui.

Par obligation, comme beaucoup d'autres, Sauveur s'est installé à Paris, à la recherche d'une imprimerie déjà implantée, afin d'avoir un fond de clientèle. Il ne put exercer ses activités très longtemps car les ateliers de la rue de Clignancourt se trouvaient dans un immeuble destiné à la démolition. Il reprit alors une deuxième imprimerie au 15, rue Sedaine à Paris (11ème). Malheureusement, il n'aura pu suivre l'évolution de cette nouvelle affaire, ayant perdu la vie le 28 janvier 1969 dans un accident de voiture(2).

Très attaché à son pays natal, il ne manquait pas une occasion pour y retourner.

L'Imprimerie Nord-Africaine à Alger, vendue en 1967 aux frères Matheb, avait conservé la clientèle d'antan, sous la même raison sociale, mais elle a cessé son activité en 2002, faute d'avoir pu remplacer le matériel.

 

 Louis, Bernadette,
Jean-Joseph, Jacques,
enfants de Sauveur Crescenzo,

 

1 Voir la biographie de Sarraillon dans Les Cahiers d'Afrique du Nord, N° 4.

2 Les auteurs de cet article, eux-mêmes imprimeurs, ont succédé à leur père rue Sedaine. Ils ont imprimé dès le début et pendant plusieurs années la revue L'Algérianiste.

 

 

Parmi ses œuvres :

 

Outre celles qui sont citées dans le cours du texte, signalons que durant la guerre, période où l'Algérie était coupée de la métropole, plusieurs publications ont été imprimées:

* pour les Editions Hachette : la Petite Fadette, La Vie de Savorgnan de Brazza écrite par sa fille, Les Aventures de Piripi d'Odette Pannetier.

* pour les Editions Chaix : les poèmes d'Arthur Rimbaud, qui ont été composés à la main et imprimés sur papier à la forme, illustrés par Louis de Gastyne.

* Impression du livre Les Monuments en exil d'Alain Amato en 1979.

* Impression de la revue l'Algérianiste de 1968 à 1988.

 

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