Joseph

Bourrilly

 
 

Toulon. 1878

Casablanca. 1929

Stèle de marbre, musée de Malte

 

 

Personnalité très riche, Joseph Bourrilly, par ses travaux en des domaines très divers. a apporté des connaissances inédites sur le Maroc.

 

 

Son œuvre littéraire est extrêmement originale.

 

Stèle de Houint-Souk
Ile de Djerba

 

Joseph Bourrilly est né à Toulon le 21 mars 1878 dans une .famille universitaire de vieille souche terrienne et provençale. Il fait ses études au lycée de Toulon. Etudiant à la faculté de droit d'Aix, il participe activement à la vie intellectuelle aixoise, fréquentant Joachim et Marie Gasquet, Paul Cézanne, Léo Larguier.

Entré dans l'administration des Contributions, en Franche-Comté, Joseph Bourrilly sera rapidement affecté à Arles. Il se lie alors avec Frédéric Mistral et collabore, avec lui, à l'organisation du Museon arlaten, s'initiant à l'ethnographie et y puisant les éléments de ses études sur les costumes, les meubles et les usages provençaux. Il passe ensuite dans la magistrature et sera juge de paix, d'abord dans l'Aveyron, puis dans la banlieue de Nîmes. C'est l'époque où il développe son œuvre ethnographique et s'initie à l'archéologie, fouillant des habitats néolithiques et chalcolithiques.

Mobilisé en août 1914 à Toulon, Bourrilly s'embarque pour le Maroc avec le 113è Territorial et, durant deux ans, est affecté à des postes du Maroc oriental Taza, Bou Ladjeraf, Safsafat. Toujours aussi curieux intellectuellement, il occupe ses heures de liberté à explorer la région. Il découvre des gisements de surface préhistoriques, paléolithiques et néolithiques, dans une zone pratiquement inconnue sur le plan archéologique. Dans les derniers temps de la guerre, il est détaché par les autorités militaires au lycée d'Oujda, puis à celui de Rabat.

Il fut immédiatement conquis par le Maroc. La guerre finie, il voulut y rester, ayant retrouvé un milieu intellectuel comparable à celui qu'il avait connu à Aix, avec les orientalistes Henri Basset, Emile Laoust et E. Lévi-Provençal, l'historien Henri Terrasse et l'ethnologue Prosper Ricard.

Il reprend ses fonctions de magistrat, d'abord comme juge de paix à compétence étendue, à Mogador et Rabat, puis comme juge d'instruction au tribunal de première instance d'Oujda. En 1927, il est juge d'instruction au tribunal de Casablanca. Sans oublier la Provence, il s'intéresse activement au développement du Protectorat, au droit et aux coutumes locales. Il commence alors un double enseignement, d'ethnographie marocaine à l'Institut des Hautes Etudes Marocaines à Rabat, de droit coutumier et d'ethnographie berbère au

Centre d'études juridiques de Casablanca. Il sera, par ailleurs, un des fondateurs et un des premiers membres du comité de la Société de préhistoire du Maroc.

Il sera affecté, sur sa demande, au délicat service du contentieux de l'immatriculation foncière. Il effectue de nombreuses et pénibles enquêtes. Il s'agit d'une tâche difficile, demandant à la fois une grande intégrité, un travail acharné et une bonne connaissance du droit traditionnel. Les règles coutumières et musulmanes furent les bases de l'immatriculation foncière. Rien n'existait au Maroc rappelant, même de très loin, un bornage et une cadastration.

Ces missions lui permirent de compléter ses enquêtes linguistiques et ethnographiques. C'est au cours de l'une d'elles, alors qu'il se trouvait dans la région de Marrakech, qu'il fut frappé d'un coup de pied de mule. Il mourut peu après à Casablanca, le 15 janvier 1929, ayant travaillé jusqu'à ses derniers moments.

L'œuvre, pourtant riche et variée de Bourrilly, est aussi peu connue que sa vie. Certes, il avait peu publié de son vivant, en dehors de ses études d'ethnographie provençale. En collaboration avec E. Laoust il avait étudié les stèles funéraires marocaines, principalement celles de Rabat et de Salé. Il laissait, au moment de sa mort, de nombreuses notes et des ébauches de travaux. Emile Laoust put rassembler les cours et conférences qui n'étaient pas destinées primitivement à la publication, mais qui étaient rédigés. On y voit qu'au Maroc, comme en Provence, Bourrilly s'était intéressé aux langues locales, à la littérature orale, aux différents aspects de la vie familiale et sociale (mariage, cérémonies de l'enfance et de l'adolescence, l'amour, les maladies et la mort) , à la vie agricole (rites et travaux agraires et pastoraux) , à l'habitation, comme aux chants et aux danses. Il n'avait pas négligé l'analyse des différents types humains.

 

Georges Souville
Directeur de Recherche
honoraire au CNRS

 

 

Parmi ses œuvres :

 

Ouvrages littéraires

* La Reine Saba (La Reine de Saba) Arles 1934 Imp. Union, 192p. illustrations d'E.Laget. réimp. Toulon 1967.

* L'Uiard (Le Cyclope) Toulon 1971.

* Lou Sibournié (Le Tumulus) Toulon 1973.

 

Ouvrages sur le Maroc

* Stèles funéraires marocaines, en collaboration avec F. Laoust. Coll. Hespéris Rabat, 1927, 125 p.

* Eléments d'ethnographie marocaine, Paris 1932, Larose, VIII. 296 p.

 

Principaux articles sur le Maroc

* Découvertes préhistoriques au Maroc oriental B soc. préhist. franç . T. 12, 1915, P. 355, 356.

* Recherches préhistoriques dans la région de l'oued M'Loulou aux environs de Safsafat (Maroc oriental), B. Soc. Géographie Maroc, Casablanca, T. 3 1919, p. 33-59.

* La politique berbère du général Lyautey. Le Feu, Aix-en-Provence 1919, N° 1, p. 8-12.

* Mode d'extraction des pierres meulières au Maroc, en coll. avec E. Passemard et E. Laoust, Assoc. franç.Avancement Sci. CR. 46è session. Montpellier 1922, p. 479-482.

* Cours d'ethnographie marocaine, B. Soc. préhist. Maroc t. 3 1929, N° 3 p-. 11-23.

 

Poèmes

Seuls quelques poèmes isolés ont paru dans des revues, ainsi celui dédié Aux morts d'EI-Alou datant de 1920 (l'Astrado, Toulon, 1974, p. 16-19).

 

Bibliographie :

* Notice biographique. B. Soc. Préhist Maroc, Casablanca, T. 3 1929, N° 3 p. 3-8 Liste chronologique des travaux de Joseph Bourrilly, ibid., p. 8-9. P. Léris.

* Joseph Bourrilly, magistrat, archéologue, ethnologue, et félibre (1878-1929) G. Souville. La France latine, Paris, n.s, N° 78-79,1979, p. 7-17.

* Joseph Bourrilly (1878-1929) G. Souville. Académie des Sciences d'outre-mer. Hommes et Destins, tome VII, Maghreb, p.93-95.

 

 

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