Manuel

Liminana

 
 

Alger, 1897

France, 1971

Prototype de ces pionniers pieds-noirs qui avaient su donner une impulsion dynamique à l'Algérie. Il avait fait prospérer l'entreprise de son père, donnant au "Cristal Anis" son image de marque toujours réputée. C'est sa fille, Marie-Josée Mazel qui lui rend hommage dans cet article.

Manuel Liminana est né le 5 mai 1897, à Alger, dans le quartier du Hamma qu'il aima toute sa vie, et qui resta pour lui le "paradis perdu" après le départ d'Algérie.

Ses parents étaient venus tous deux de petits villages de la province d'Alicante, attirés par le mirage d'une existence moins rude. Mais, en fait, Manuel Liminana père dut travailler très dur dans le café de son oncle (il n'avait que douze ans) avant de pouvoir fonder une petite entreprise de distillerie qui fabriqua notamment le fameux Cristal Anis en 1884.

 Son fils, Manuel élevé dans le respect de la France et aussi de l'amour de l'Espagne, dut rester espagnol pour complaire à son père. Après des études à l'Ecole Supérieure de Commerce d'Alger, il vint - travailler dans l'entreprise familiale à laquelle il donna alors son véritable essor.

Entrepreneur ne craignant pas de prendre des risques, excellent vendeur, industriel hardi et habile toujours curieux de faire bénéficier son entreprise des nouvelles techniques, il donnait à son produit le "Cristal Anis" sa formidable expansion. Présent sur le terrain auprès de ses clients, qui, à l'époque étaient tous des amis, Manuel Liminana parcourait toute l'Algérie, d'Oran à Constantine, sans oublier les territoires du Sud.

Patronnant de nombreuses compétitions sportives, mais particulièrement le sport bouliste (La boule lyonnaise), il organisa à Alger de nombreux grands prix auxquels participaient les plus grands champions nationaux et internationaux.

Il ne manquait pas non plus de paraître aux grandes foires d'Alger et d'Oran.

Sous sa direction dynamique le Cristal Anis devint le numéro un des apéritifs anisés d'Algérie.

Puis vint la guerre d'Algérie et Manuel Liminana essaya d'aider à sa manière les jeunes soldats du contingent. D'abord en les recevant nombreux dans sa famille, et aussi en sponsorisant le Théâtre aux Armées. Mais, en 1960, il fut interné au camp de Beni Messous, puis à la caserne d'Hussein Dey, avant d'être expulsé en Espagne (puisqu'il était resté espagnol) et interdit de séjour en France.

Il était soupçonné d'aider l'OAS dont son gendre le docteur Jean-Claude Perez était l'un des chefs.

Cette mesure fut un bouleversement pour lui, d'abord parce qu'il laissait sa famille à Alger au plus fort de la guerre, et aussi parce qu'il ne pouvait plus s'occuper directement de ses affaires au moment du rapatriement. Pouvant enfin rentrer en France, il se donna sans relâche à la promotion du Cristal Anis courant cette fois d'un bout à l'autre de l'hexagone pour retrouver ses clients qui étaient devenus encore plus ses amis, se lançant à fond dans la création de grands concours de boules.

C'est en se rendant à l'un d'eux qu'il fut tué, au volant de sa voiture, un dimanche le 1er août 1971.

 

Marie-Josée Mazel

 

 

 

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