Paul

Marès

 
 

Montpellier. 1826

Alger. 1900

Le docteur Marès était "l'homme aimable et bienveillant par excellence, ardent et doux, sans ambition personnelle, son plus grand bonheur étant d'être utile et agréable aux autres".

Sa demeure à Mustapha supérieur, la villa Marès qui a conservé son nom après l'expropriation pour devenir l'Ecole d'Infirmières, était ouverte à tous.

Extrait de la lettre du docteur Battandier annonçant le décès de Paul Marès

Paul Marès est issu d'une très ancienne famille, originaire de Marseillan (Hérault), apparentée à tous les grands noms du Languedoc. Sa fortune lui aurait permis une vie oisive, mais, comme son aîné Henri, ingénieur de l'Ecole Centrale des Arts et Manufacture de Paris, ampélographe(l), viticulteur et œnologue distingué, qui découvrit le traitement de l'oïdium par le soufre, il ne cessa, sa vie durant, de travailler.

Ancien externe des hôpitaux de Paris, docteur en médecine en 1852, s'intéressant à tout, passionné de botanique et de géologie, il exerça très peu la médecine.

Il épouse en 1859 à Paris Marie-Adèle Lecreux, originaire du Nord. Le couple aura quatre fils, dont les deux derniers naîtront en Algérie.

Grand voyageur, il visite de nombreux pays, surtout de 1850 à 1855, l'Espagne qu'il explore en grande partie. Il étudie particulièrement les îles Baléares dont il rapporte de nombreux matériaux qu'il utilise pour la rédaction d'une flore publiée en 1880, sous le titre de Catalogue des plantes vasculaires des Baléares.

Il est l'un des fondateurs, auprès d'Ernest Cosson, de la Société Botanique de France en 1854. Il connaît bien la flore méditerranéenne ; aussi, lorsque le Docteur Cosson est envoyé en mission en Algérie, l'accompagne-t-il. De 1855 à 1864, il prend une part active à l'exploration de l'Algérie. Il visite l'extrême Sud, soit avec Cosson, soit en accompagnant les colonnes militaires, car la colonie est loin d'être pacifiée, échangeant sa sécurité contre des soins aux malades et aux blessés. Il explore ensuite la Kabylie, puis le M'zab, alors indépendant, avec son épouse, "son intrépide compagne", dit le docteur Battandier, médecin-chef de l'hôpital de Mustapha.

Cela n'empêche pas le ménage de tenir son rang dans la société algéroise et les gazettes rapportent que lors du voyage de Napoléon III en Algérie "l'Empereur ouvrit le bal du Gouverneur Général avec la jolie madame Marès".

Botaniste, le docteur Marès herborise : il découvre de nouvelles plantes dont l'une portera son nom: leucanthemum Maresii (Coss) .

Outre les plantes qu'il donne libéralement à M. Cosson et à M. Pomel, il constitue un important herbier qu'il donne en 1892 à l'Ecole de Médecine d'Alger, comme il a déjà donné son herbier de plantes récoltées aux Baléares à la Faculté des Sciences de Montpellier.

Géologue, il récolte des fossiles, reconnaît les terrains, entreprend des études : sur la constitution géologique du sud de la province d'Alger, sur l'étendue de la mer qui couvrait le Sahara à l'époque quaternaire ... études qui se matérialisent sous forme de communications à l'Académie des Sciences, à la Société des Sciences Naturelles et de Climatologie d'Alger et autres sociétés savantes.

Mais Paul Marès n'est pas que botaniste et géologue : il s'intéresse à tout : climatologie, topographie, faune ... Il publie des observations sur la météorologie du Sud-Oranais, des régions sahariennes et marocaines limitrophes, du sud des provinces d'Alger et de Constantine (1858). Il procède à de nombreux nivellements barométriques : celui de Biskra est d'une telle précision que lorsqu'on pourra l'établir par des procédés géodésiques, la différence trouvée ne sera que de un mètre seulement. Les officiers d'état-major se servent de ses nivellements pour les premières études topographiques sur des points encore non étudiés.

Le docteur Paul Marès est membre des Sociétés Géologique, Météorologique, Botaniques de France, membre à vie de l'Association Française pour l'Avancement des Sciences, correspondant de la Société Centrale d'Agriculture de France, des sociétés d'Agriculture d'Alger et de la province de Constantine. Il fait de nombreuses communications à ces sociétés sur des sujets très variés .

En 1871, il fait partie du comité de secours aux émigrants (il s'agit des Alsaciens­Lorrains) créé sous l'inspiration de M. Warnier par la société d'Agriculture d'Alger.

En 1872 il est élu au Conseil Général, en 1873 il est appelé au· Conseil de Gouvernement, en 1878 il est nommé Commissaire de l'Algérie à l'Exposition Universelle de Paris et rédige la notice sur l'agriculture.

Mais Paul Marès n'est pas qu'un savant c'est aussi un praticien. En 1863, il achète une propriété de 400 ha à 7 km de Boufarik. Il l'étend à 500 ha puis à 1000 ha. Celle-ci se situe en partie dans la plaine de la Mitidja, et en partie sur les dernières pentes du Sahel. Il travaillera pendant dix ans à ce domaine pour le mettre en valeur: défrichements, drainages, remises en état des terres épuisées, construction de bâtiments, plantations d'oliviers et de saules, de trente-cinq espèces d'eucalyptus, cultures de céréales, de tabacs (primé à l'Exposition Universelle de Vienne en 1872), élevage de bovins, tout cela méthodiquement et très progressivement, après étude de la flore naturelle et analyse des terres. Ce domaine fut malheureusement vendu après 1900 et morcelé. L'Algérie, devait-il déclarer dans son Analyse des titres et travaux (Paris, imprimerie du Journal Officiel 1883) "est un pays absolument neuf, il est rare qu'en dehors des environs des centres, on trouve une construction, un bon abri, approprié aux besoins de l'agriculture, car les Arabes font tous leurs travaux en plein air et habitent dans des gourbis dont les murs en roseaux, enduits de boue, sont recouverts d'un chaume grossier. Le colon européen doit donc être prêt à surmonter tous les obstacles; il doit mettre d'autant plus de soin à les vaincre avec économie qu'ils sont plus nombreux et sans cesse renaissants". Ce sont ces principes qu'il s'était attaché à respecter scrupuleusement.

Le docteur Marès est décédé après une courte maladie le 24 mai 1900 dans sa villa de Mustapha Supérieur. Il est enterré, au cimetière du boulevard Bru où il repose auprès de sa femme qui décédera en mai 1911.

 

Odette Goinard et Guilaine Vernier
D'après les documents fournis par la famille Marès.

 

 

 

1 - Qui étudie la culture de la vigne.

 

 

Titres scientifiques et agricoles de Paul. Marès :

 

* Docteur en médecine 1852.

* Membre de nombreuses sociétés savantes.

 

 

Parmi ses œuvres :

 

* Essais sur la fièvre intermittente simple. Thèse soutenue à Paris le 26 février 1852.

* Nombreuses notes publiées dans les comptes-rendus de l'Académie des Sciences et dans les bulletins des Sociétés géologique et météorologique. Nous en tenons la liste à la disposition des lecteurs intéressés.

 

 

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