Louis Morard

 

 
 

Chambéry, 1877

Clermont-Ferrand, 1949

Commandeur de la Légion d'honneur, Président d'honneur de la Chambre de Commerce d'Alger, Président de la Région Economique d'Algérie, Conseiller Economique, Président de l'Office Algérien d'Action Economique et Touristique, Membre de l'Académie des Sciences Coloniales.

Pendant plus de quarante ans, animé par le seul souci du bien public, louis Morard déploya en Algérie et dans tous les domaines, une activité intense et particulièrement féconde. Nombreuses sont les réalisations algériennes dont il fut l'initiateur.

 

Né à Chambéry le 14 juin 1877, Louis Morard eut une enfance studieuse. Venu jeune en Algérie, il fut formé par son oncle Henri Dubouloz, brillant administrateur de commune mixte et écrivain renommé qui, sous le pseudonyme de Bou-Yabès, publia les Ricits de la Grande Kalry/ie et Ames Berbères.

Pourvu d'une licence en droit et d'un diplôme d'interprète de langue arabe, Morard entra dans l'Administration Algérienne en 1895.

Jeune fonctionnaire, plein d'allant et d'initiative, commerçant avisé, il se trouve quelques années après, à la tête de l'important service du Budget au Gouvernement Général. Il avait été préparé à cette fonction par ses aptitudes, et surtout sa prédilection passionnée pour les questions financières, primordiales pour les particuliers comme pour les collectivités.

Il mit toutes les ressources de sa vive intelligence et de son cœur au service de sa patrie d'adoption. Il n'ignorait rien de ses besoins, de ses possibilités. Essentiellement homme d'action, sa forte personnalité, la foi qui l'animait, sa conviction profonde de l'indissolubilité des destinées de la France et de l'Algérie, sa puissance de travail, une énergie peu commune, l'imposèrent partout où il passa, que ce fut aux Délégations Financières, à la Chambre de Commerce d'Alger qu'il présida de 1930 à 1940, à la Région économique d'Algérie, au Conseil national économique et dans les entreprises, organismes et institutions où il fut appelé à siéger.

Plus d'une fois, Morard fit échec à la tendance des Gouverneurs généraux à multiplier ou à aggraver les impôts. Il repoussa cet expédient facile, mais dangereux, et il put revendiquer avec fierté, le mérite d'avoir fait écarter en deux ans, cent cinquante millions d'impôts nouveaux, qui avaient cependant été jugés indispensables pour les services financiers de la colonie.

Il eut l'honneur de présider à Paris, en 1934 et en 1937, le Congrès des Chambres de commerce et d'agriculture de la France d'outre-mer (64 organismes représentés).

Ces manifestations furent d'une importance exceptionnelle.

Il participa aux travaux de tous les grands groupements nationaux : conférences des Chambres de Compagnie de la Méditerranée, de la Chambre de commerce maritime, Association des grands ports, Assemblée des Chambres de commerce de France, Comité consultatif des frets, Commission interministérielle des frets, etc... Il avait été élu en 1948 membre correspondant à l'Académie des Sciences Morales et Politiques. Quelques semaines plus tard, lors d'un voyage en Algérie, le Président de la République lui remit lui-même les insignes de Commandeur de la Légion d'Honneur. Joignant à la fermeté de ses convictions républicaines le plus large esprit de tolérance, il sut conquérir tous les cœurs. Il fut un artisan remarquable de l'union franco­musulmane. Sa sollicitude envers les musulmans se manifesta notamment par la création de l'œuvre du colis aux prisonniers de guerre nord-africains devenue après la guerre la Commission d'assistance aux Nord-africains.

Les musulmans n'ont pas été insensibles à sa bienveillance, et l'un d'eux, lors de la cérémonie qui eut lieu à l'occasion de sa distinction dans l'Ordre de la Légion d'Honneur, devait déclarer: "Vous vous êtes classé dans cette pure lignée des Français au grand cœur et à la sensibilité profonde qui se sont penchés sur l'âme musulmane, qui l'ont écouté vibrer et qui ont été gagnés à son contact... Cette vertu d'entraide et d'amour qui est la vôtre, elle ne se donne ni ne s'enseigne, elle est dans le cœur de l'homme. Et c'est parce que vous nous avez donné votre cœur que le nôtre vous est fidèle, sans réserve .... "

Louis Morard a donné un bel exemple d'homme de bien, alliant à ses dons naturels une grande modestie. Il tint à être inhumé dans l'intimité dans le petit et humble cimetière de Montmélian, berceau de sa famille, loin de cette Algérie qu'il avait servie jusqu'à l'extrême limite de ses forces.

Odette Goinard

 

 

Bibliographie

 

Revue Algeria Sept-Oct. 1949. Ed. de l'OFALAC:

Revue de la Région économique d'Algérie. Octobre 1949, N° 8.

 

 

Parmi ses réalisations

 

- Restauration des finances.

- Etablissement d'un nouveau programme de travaux qui, à une formule d'extensions illimitées, substituait celle d'une exploitation intensive sur des superficies restreintes, bien protégées et complètement outillées.

- Achèvement du bassin de Mustapha, construction d'une digue Nord en eau profonde. Construction de nombreux bâtiments d'exploitation, notamment au grand môle de l'Agha,

- Adoption du projet de construction d'une nouvelle gare maritime en connexion avec une nouvelle gare de chemin de fer.

- Création de l'Office Algérien d'Action Economique et Touristique (OFALAC), avec succursale à Paris, dont il fut le Président. Cet établissement organisait un programme méthodique de sélection des produits (standardisation) imité plus tard par le Maroc, par la Tunisie et par la Métropole elle-même.

- Groupement sous sa seule direction, de toutes les Chambres d'Algérie, avec la collaboration des Chambres d'Agriculture.

- Création d'un office des transports et des P.T.T., d'un office de l'énergie électrique et du gaz, d'un office de compensation pour les règlements extérieurs.

- Fondation de l'Institut de Recherches et d'Essais Frigorifiques à Birmandreis (1947), destiné à être un outil au service commun des grandes activités économiques et scientifiques du pays. Il se composait de quatorze chambres froides comprenant une capacité volumétrique d'environ 600 m3. Une bibliothèque importante était à la disposition du grand public. Une grande salle permettait l'organisation de cycles de conférences et de cours .

- A la suite de la mission aérienne des Chambres de commerce en A.O.F., organisée par Morard en janvier 1936 et du voyage d'études qu'il avait accompli dans cette colonie au début de 1937, furent créés le comité algérien A.O.F. et le comptoir de l'A.O.F. à Alger.

 

 

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