Augustin-Fernand Leynaud |
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Ollières {Ardèche} 1865 Alger 1953 |
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Très tôt attiré par l'Afrique, élève du séminaire de Kouba, aimé et respecté de tous, il partagera son action entre l'Algérie et la Tunisie, où il fit d'importantes découvertes archéologiques. |
Augustin-Fernand Leynaud naquit aux Ollières (Ardèche) le 26 août 1865 de parents foncièrement chrétiens. Il fit ses premières études au petit séminaire d'Aubenas, tenu à cette époque par les Pères Maristes. L'appel des âmes africaines, lancé par le cardinal Lavigerie, retentit au cœur du généreux jeune homme. A seize ans, il quitta son Ardèche natale pour l'Algérie où il entra au séminaire de Kouba pour y achever ses humanités d'abord, et y faire ensuite ses études théologiques. Il fut remarqué dans cet établissement pour sa piété, son intelligence et son ardeur au travail. Ordonné prêtre à Kouba par Mgr Dusserre le 24 juin 1888, il fut nommé vicaire à Saint Bonaventure de Mustapha. Mais, dès 1889, le cardinal Lavigerie attachait l'abbé Leynaud à sa personne en qualité de secrétaire particulier. Puis il l'emmena à Tunis où il fut secrétaire général de l'Archevêché. Il sera par la suite curé de La Goulette pendant dix ans, puis, envoyé en 1901 à Sousse. Il y fit preuve pendant quinze ans d'une grande activité apostolique, tout en devenant un archéologue très estimé dans le monde savant. En effet, l'abbé Leynaud retrouva avec le docteur Carton les catacombes de l'ancienne Hadrumète. Il en poursuivit les fouilles et écrivit plusieurs ouvrages sur ce sujet, te qui lui valut en 1910 la nomination d'Officier d'Instruction Publique. Le Pape Benoît XV le jugea digne de l'épiscopat. Elu archevêque d'Alger et de Julio Cesarée le 24 décembre 1916, sacré à Carthage le 6 mars 1917 par Mgr Combes, primat d'Afrique, il prenait possession du diocèse et fut intronisé le 22 mars de la même année. Dès lors, sa vocation africaine va pouvoir totalement s'épanouir dans cette Algérie qu'il a tant aimée et pour laquelle il a donné sa vie. Il mettra une énergie remarquable pour enseigner et être proche de toutes les populations, quelles que soient leurs origines. " Tout à tous ", telle était sa devise, Soucieux avant tout de susciter des vocations, il ouvre dès le 1 er octobre 1920 le séminaire Notre-Dame-Saint-Louis à SaintEugène, le séminaire de Kouba ayant été contraint de fermer en 1905. Ce dernier ne put être récupéré qu'en 1951 à la suite de longues tractations. Mgr Leynaud consacrait souvent ses vacances à parcourir les provinces françaises pour faire connaître l'Eglise d'Afrique et recruter des séminaristes. Il aura la joie d'ordonner 131 prêtres issus des rangs de ces deux établissements. Durant son épiscopat, il fera construire 45 églises dans son diocèse, 31 presbytères et une maison de retraite pour les prêtres âgés. Treize terrains furent d'autre part acquis en vue de constructions ultérieures d'églises. Pour le seconder dans sa lourde tâche, il fera venir, ou revenir, 21 ordres ou congrégations et rétablira en particulier l'ordre des Pères Trappistes, chassés de Staouëli au début du siècle. Compte tenu de ses capacités d'administrateur, toutes ces constructions et fondations lui permettront de développer un apostolat particulièrement fécond. C'est Mgr Leynaud qui fut le fondateur, l'instigateur et l'animateur d'un nombre considérable d'œuvres de charité, d'œuvres sociales, de piété, d'enseignement et de jeunesse. Il organisait des tournées pastorales afin de se rapprocher, " en père de famille ", des populations vivant dans des bleds éloignés. A chaque occasion, il était là, au milieu de son troupeau, avec la parole ardente et la bonté souriante qui le caractérisaient. Comment ne pas évoquer sa présence lors de la kermesse diocésaine, ou dans les écoles libres, chez les scouts, les étudiants et dans les multiples œuvres et mouvements de jeunesse qu'il affectionnait. Monseigneur Leynaud fut là aussi le 7 mai 1938 pour la célébration du douzième Congrès Eucharistique national sous la présidence du cardinal Verdier. Les manifestations magnifiques qui eurent lieu à cette occasion donnèrent la même impression faite de respect, de reconnaissance et de confiance à l'égard du prélat, malgré le dur conflit qui s'annonçait. Lorsque les difficultés survenaient, il se tournait toujours vers Notre-Dame d'Afrique dans laquelle il mettait tous ses espoirs et sa confiance. Pendant la guerre, il exerça les fonctions de chef des aumôniers militaires des troupes d'Afrique du Nord. Durant cette période troublée, son bon sens sut calmer certains politiciens excités. Reconnaissant la clairvoyance et le désintéressement de ses sentiments, l'efficacité et la puissance de son concours, les pouvoirs se sont honorés en le nommant dans l'ordre de la Lé8ion d'Honneur en qualité de Commandeur en 1948. Il fut également membre de l'Académie des Sciences Coloniales. D'une bonhomie paternelle et d'un bon sens robuste, mais doué d'une volonté opiniâtre, il ne manquait ni de sagacité, ni de clairvoyance. Sa bonté indulgente lui avait valu l'attachement de tous. Aimé de ses fidèles, ses " chers enfants ", respecté des musulmans qu'il appelait" nos frères ", ainsi que des Juifs, après une vie bien remplie, il demanda à Notre-Dame d'Afrique de le présenter au Seigneur. Il fut exaucé le 5 août 1953. Mgr Leynaud repose toujours sur cette terre d'Afrique à laquelle il s'était entièrement donné puisqu'il y avait vécu plus de soixante-dix ans, dont trente-six ans d'épiscopat. Les chrétiens n'ont jamais compris cependant que le cardinalat ne lui ait jamais été conféré. Il fut pourtant bien un fidèle disciple de son maître, le cardinal Lavigerie, grand archevêque et grand Français.
Alain Goinard
Médaille de Mgr. Leynaud éditée en 1950. Sur l'avers, la cathédrale d'Alger, le petit séminaire de Saint-Eugène, le grand séminaire de Kouba (Les Médailles d'Algérie par Philippe Escande, éd. Kurutchet).
PARMI SES ŒUVRES
- Les Catacombes Africaines: Sousse-Hadrumède . - La Mort des Justes - L'Orpheline de Tunis - Filii Sanctorum
BIBLIOGRAPHIE:
- Semaine religieuse d'Alger - 6 mars 1942 - Mémorial- 24 septembre 1953. - Pierre Goinard - Algérie, l'œuvre française - Plon, 1984.
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