Alphonse

Laveran

 
 

Paris 1845

Paris 1922


Ce grand savant dont les découvertes sur le paludisme eurent un immense retentissement, mériterait d'être mieux connu encore.

Né le 18 juin 1845 à Paris, Alphonse Laveran était fils et petit-fils de médecin militaire. C'est ainsi qu'il passa une partie de son enfance à Blida, dont il conservera toujours, selon sa biographe Marie Phisalix, "un souvenir enchanteur". Après ses baccalauréats, il est reçu au concours de l'Ecole du Service de Santé militaire de Strasbourg. Il sert à Metz pendant la guerre de 1870-71, ce qui le met au contact brutal des maladies qui faisaient alors des ravages dans les armées: plaies infectées, septicémies, dysenteries, fièvres typhoïdes, etc ... A son retour à Paris pendant la guerre civile puis la Commune, il soigne les nombreux blessés des barricades. En 1873, il passe l'agrégation et se retrouve au Val de Grâce professeur des maladies épidémiques des armées, comme son père avant lui.

En 1878, il est envoyé en Algérie, à l'hôpital de Bône où échouaient de nombreux malades traités pour fièvres palustres, puis à Biskra et enfin à Constantine. C'est là qu'il découvre en juillet 1880 le fameux hématozoaire (parasite) responsable du paludisme. C'est en examinant au microscope le sang d'un jeune soldat cantonné à la caserne du Bardo, sur les rives marécageuses de l'oued Rummel, qu'il fera sa découverte capitale. Dans sa communication de novembre 1880 â l'Académie de Médecine, il raconte ainsi sa découverte: "En 1880, à l'hôpital militaire de Constantine, je découvris sur les bords de corps sphériques pigmentés, dans le sang d'un malade atteint de paludisme, des éléments filiformes ressemblant à des flagelles qui s'agitaient avec une grande vivacité, en déplaçant les hématies voisines: dès lors, je n'eus plus de doutes sur la nature parasitaire des éléments que j'avais trouvés dans le sang palustre.

"Des recherches ultérieures me montrèrent que lorsqu'on se plaçait dans de bonnes conditions (pendant les accès et avant l'emploi de la quinine), on trouvait toujours ces éléments parasitaires dans le sang des palustres et on ne les trouvait jamais chez d'autres malades ; j'arrivai ainsi à la conviction qu'il s'agissait bien du parasite du paludisme". Les premiers résultats de ses recherches furent pourtant accueillis avec beaucoup de scepticisme, car l'animalcule auquel il attribuait le paludisme était très différent des microbes alors connus et les techniques d'examen du sang étaient encore très imparfaites.

Homme d'une grande droiture et d'une honnêteté scrupuleuse, il devait beaucoup souffrir de la suspicion, voire de l'hostilité avec lesquelles on accueillit ses découvertes. Mais il continua de travailler avec acharnement, entourant ses recherches d'une grande discrétion et se refusant à tout contact avec la presse, même quand il fut reconnu comme un grand savant par ses pairs. S'il connaissait maintenant l'agent du paludisme, restait à résoudre l'énigme du mode de propagation à l'homme. Pendant quatre ans, il s'acharna à tenter de déceler le parasite dans l'air ou l'eau des localités infestées. Il finit par mettre en évidence l'existence du parasite dans le sang des moustiques qui pullulent autour des eaux stagnantes.

C'est finalement Ronald Ross, médecin de l'armée des Indes, qui s'inspirera des inductions de Laveran pour démontrer en 1897-98 le rôle néfaste des moustiques dans la propagation du paludisme. Il sera d'ailleurs récompensé par le prix Nobel de médecine en 1902, tandis que le Français attendra cinq années encore la même consécration.

En 1884, Laveran est rappelé à Paris au Val de Grâce comme titulaire de la chaire d'hygiène. Mais en 1896, son temps de professorat est parvenu à son terme et pour ne pas risquer de s'éloigner de ses recherches, du fait d'une mutation en province, il préfère démissionner de l'armée, à son grand regret, pour rejoindre comme bénévole l'Institut Pasteur, créé huit ans plus tôt.

Il collabore avec Félix Mesnil, agrégé de sciences naturelles, et dernier secrétaire de Louis Pasteur. Leurs recherches vont l'amener à s'intéresser aux pathologies tropicales et à ne plus se limiter au seul paludisme. Il crée la "Société de Pathologie Exotique", dont il assurera la présidence de 1908 à 1920. Il a été admis à l'Académie de Médecine en 1893, à l'Académie des Sciences en 1901 et recevra le prix Nobel de physiologie et de médecine en 1907. Il consacrera la somme attachée à ce prix à la création d'un laboratoire à l'Institut Pasteur, qui porte encore son nom. Quand Laveran meurt à Paris le 18 mai 1922 à l'âge de soixante-dix-sept ans, Albert Calmette, le célèbre bactériologiste (découvreur du B.C.G.) pourra justement souligner dans son éloge funèbre que grâce à lui, des millions d'hommes vont pouvoir vivre et travailler dans des régions longtemps inaccessibles. Du temps de l'Algérie française, le nom de Laveran avait été donné à l'hôpital de Constantine, au lycée de jeunes filles de la ville ainsi qu'à un centre de colonisation situé entre Batna et

Timgad. En 1945, lors du centenaire de sa naissance, une grande commémoration eut lieu dans l'enceinte de la Sorbonne. Depuis, le parvis qui précède l'entrée principale du Val de Grâce porte le nom de " place Alphonse Laveran ".

Marie Françoise Valls

 

 

BIBLIOGRAPHIE

 

- Alphonse Laveran, Traités des fièvres palustres, Paris 1884

- Marie Phisalix, Alphonse Laveran, sa vie, son œuvre. Masson, Paris 1923

- Edmont et Pierre Sergent, Histoire d'un marais algérien. Institut Pasteur d'Alger. Alger 1947

- Georges Girard, notice biographique dans Hommes et destins, Académie des Sciences d'outre-mer. Tome II, vo1.2, Paris 1977

- Raymond Féry : L'œuvre médicale française en Algérie, Jacques Gandini, Nice 1994

 

 

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