Pierre-Louis

Bordes

 
 

Oloron Ste Marie 1870

Arles sur Tech 1943

Gouverneur Général de l'Algérie de 1927 à 1930, Pierre Bordes restera l'homme politique du Centenaire. Mais il serait injuste d'oublier les réalisations concrètes et fort utiles qu'on lui doit.

Dernier d'une fratrie de six enfants, Pierre Bordes était le fils d'un magistrat, républicain modéré, très attaché au Béarn, où il fit sa carrière.

Après de bonnes études, Pierre Bordes fera son Droit, valeur sûre pour la majorité de l'élite provinciale. A l'issue de son service militaire, il entre dans la carrière préfectorale et reçoit différentes affectations en qualité de sous-préfet. Cependant, attiré par la politique, il se met en disponibilité. Mais, ayant subi un échec électoral, il réintègre rapidement l'administration qui le conduit vers divers postes, dont celui de caissier général adjoint aux Chemins de fer de l'Etat.

Aux abords de la quarantaine, Bordes peut se prévaloir d'un parcours satisfaisant. Il a su surmonter les embûches et il semble désormais se mouvoir avec aisance dans les arcanes du monde politique et de la haute administration. C'est alors qu'il fait la rencontre qui va changer le cours de sa vie, celle de l'Algérie.

En janvier 1912, il est nommé directeur des Chemins de fer de l'Etat en Algérie, puis cl1recteur de la Sécurité générale auprès de Charles Lutaud qui devint par la suite Gouverneur général, et se lie durablement avec le parti radical. Pierre Bordes est à l'origine d'un grand projet de l'époque, la ligne Biskra-Touggourt, qui devait consacrer la politique de pénétration saharienne dans le Sud constantinois.

Homme de confiance de Charles Lutaud, il devient chef de service de la sûreté générale, puis chef de cabinet du gouvernement et il est mis à la tête de la direction des Territoires du Sud.

Juste avant la Grande Guerre, il est, pour des raisons d'avancement, nommé préfet de la Sarthe. Mais ce sera sans regret que Bordes répondra à l'appel de Lutaud pour, en 1917, reprendre en mains la préfecture de Constantine, département le plus difficile de l'Algérie, par suite d'une agitation larvée des populations indigènes, notamment dans les Aurès.

Bordes a conquis dans ce poste à risques une image d'administrateur efficace et dynamique. Il est remarqué par le Gouverneur Général Jonnart qui s'appuie sur lui pour sa nouvelle politique. Pourtant, son successeur, le gouverneur Abel se sépare de Bordes, certaines incompatibilités existant entre les deux hommes. Celui-ci devient alors trésorier payeur général de Meurthe-et­Moselle en janvier 1920. C'est la disgrâce, mais le gouvernement Poincaré lui offrira par la suite, le 6 août 1926, réparation en le nommant préfet d'Alger. Un peu plus d'un an plus tard, Bordes est nommé Gouverneur Général de l'Algérie en remplacement de Maurice Violette.

Au gubernatoriat de Violette qui voulait imposer une politique novatrice mal comprise des populations et des représentants élus, succède un gubernatoriat technique, pragmatique, soucieux de réalisations concrètes. Bordes tient à être au courant de tout, notamment des Affaires indigènes, des Travaux Publics et de l'Agriculture.

Il développe tout particulièrement une politique de l'eau, d'extension de l'équipement routier et crée un tissu industriel jusqu'alors inexistant. Il contribue à mettre en place une caisse de crédit agricole et persévère dans la diffusion de l'enseignement, dans l'optique de l'union des races.

Tous les efforts de Pierre Bordes seront également consacrés à la préparation du centenaire de l'Algérie, considérée alors par le pouvoir en place comme le fleuron de notre empire colonial. Sous son impulsion, toutes sortes de réalisations, d'un ensemble étonnant de monuments et d'édifices publics voient le jour. Citons entre autres:

- Le poste de Radiodiffusion des Eucalyptus,

- Les maisons des Congrès et de l'Agriculture,

- Le musée des Beaux-Arts d'Alger ainsi que les musées d'Oran et de Constantine,

- Le musée historique d'Alger,

- Les musées de Timgad et de Djemila,

- Le musée d'ethnographie et de préhistoire du Bardo,

- Le musée des Antiquités algériennes et d'art musulman.

Il convient d'ajouter également la construction si moderne pour l'époque, du Gouvernement Général, conçu par un architecte algérois, Marcel Guiauchain, ainsi que le monument élevé à Boufarik à la gloire de la colonisation française, sans oublier le monument de Sidi-Ferruch, mémorial du débarquement.

Le Président de la République Gaston Doumergue pouvait alors accoster à Alger pour féliciter les acteurs de cette commémoration inoubliable et inaugurer un bon nombre de ses réalisations dans le cadre des nombreuses festivités qui eurent lieu à cette occasion.

Mais dès octobre 1930, Pierre Bordes, objet de critiques politiciennes, fut remplacé par Jules Carde, né à Batna. Ainsi se terminait la carrière de cet administrateur, que la destinée avait conduit en Algérie pour y assumer avec une grande compétence la direction pendant la période si féconde du centenaire.

On peut dire que Bordes fut le portrait type du haut fonctionnaire de la Troisième République, blanchi sous le harnais de l'administration de l'Algérie. Il en connaissait tous les rouages, gouverneur infatigable, fidèle à sa devise "acta non verba", accompagné par l'image toute aussi digne d'éloges de son épouse.

Tous les Algérois, jusqu'en 1962, eurent en mémoire le nom de leur ancien Gouverneur, la principale salle de spectacle de la ville ayant reçu le nom de "salle Pierre Bordes".

 

D'après un texte d'Emile et de Simone Martin-Larras

 

BIBLIOGRAPHIE ET SOURCES

 

- Maîtrise d'Histoire contemporaine présentée par Jacques Cantier, sous la direction de M. le Professeur Rives à l'Université de Toulouse-le-Mirail, en 1989-1990. Le Gouverneur Généra! Bordes et ! Algérie du Centenaire.

- Entretiens et documents recueillis auprès de Monsieur Roger Brasier, conservateur du Musée de l'Algérie Française à Perpignan.

- Notes recueillies aux Archives départementales des Pyrénées Atlantiques.

- Emile et Simone Martin-Larras : Pierre­Louis Bordes, Le Gouverneur du Centenaire. Pau, 1999.

 

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