Raymond

Féry

 
 

Aokas 1912

Toulouse 1995

Médecin de colonisation, le docteur Féry gardera toute sa vie le sens et la rigueur de ce véritable apostolat, ce qui lui permettra de réussir dans ses différentes tâches.

Raymond Féry est né à Aokas, chef-lieu de la commune 'mixte de l'Oued Marsa, charmant village tapi dans la verdure au bord de l'admirable golfe de Bougie. Bien que son père fût lorrain et sa mère provençale, il resta toujours profondément attaché à sa terre natale. Après de solides études classiques au lycée d'Alger, puis de médecine à Paris, il fut, en juin 1937, affecté sur sa demande, à Arris, au cœur de l'Aurès, en tant que médecin de colonisation. Il réalisait ainsi le rêve qu'il avait formé dès son adolescence.

Dans son livre Médecin chez les Berbères, Raymond Féry décrir avec un grand talent les débuts de son exaltante, mais austère mission. Il se trouve plongé, au sein d'une communauté autochtone retranchée dans ses trad irions, ses routines, ses réticences. Parlant l'arabe et le berbère, il a pu observer, mieux encore qu'un ethnologue, les mœurs indigènes inchangées depuis la plus haute antiquité.

La guerre devait mettre fin à cette première expérience. En 1941, Raymond Féry quitte Arris pour la Kabylie. C'est à Seddouk qu'il vit cette période, au milieu des populations, combattant la résurgence des épidémies dues aux insuffisances sanitaires de l'époque: variole, fièvre récurrente, typhus. Il n'hésite pas à braver les périls, répondant à tel appel urgent, bravant d'angoissants trajets.

En 1946, au terme de neuf années de médecine praticienne, le docteur Féry est nommé au poste de médecin de la santé du port d'Alger. C'est avec une certaine nostalgie qu'il doit se séparer de ses montagnards. Mais, en 1948, une nouvelle nomination au poste de directeur départemental de la santé de Constantine lui donnera l'occasion de retourner dans l'Aurès et la Kabylie pour de brefs voyages.

Redevenu algérois en 1953, il a pour mission d'organiser le contrôle médical du régime général de sécurité sociale institué depuis peu en Algérie. Il est chargé de cours de médecine sociale à la Faculté d'Alger, enseignement qu'il poursuivra par la suite à l'Université de Toulouse. De 1957 à 1961, il est médecin inspecteur divisionnaire de la Santé pour la région de l'Est algérien.

Très frappé par les tragiques événements de la guerre subversive de 1954-1962 au cours de laquelle le corps médical devait payer un lourd tribut au terrorisme, Raymond Féry est, sur sa demande, affecté en métropole. Il sera inspecteur régional en Lorraine et en Champagne, avant d'être nommé à Toulouse où il termine sa carrière en 1977 avec le grade de médecin général de la santé.

Mettant à profit sa retraite, Raymond Féry s'attache à la rédaction d'ouvrages, écrits avec un soin d'orfèvre, qui auront la faveur d'un nombreux public. Il a effectué de nombreux travaux sur la santé publique, l'hygiène, l'épidémiologie et notamment des recherches concernant les populations de l'Est algérien, la lutte contre les affections oculaires, les aspects sanitaires de l'exode des travailleurs algériens vers la métropole. Son mémoire sur la situation sanitaire de l'Algérie orientale sera couronné par l'Académie de médecine (Prix A.J. Martin, 1957).

Raymond Féry s'est en outre rendu en voyages d'études dans plusieurs pays d'Europe et, en qualité d'expert de l'Organisation mondiale de la santé, dans ceux de l'Afrique noire (Gabon, 1973; Rwanda et Burundi, 1977). Ces missions ont donné lieu de sa part à plusieurs publications.

Raymond Féry avait réalisé pleinement sa vocation en appartenant à la « phalange prestigieuse » (selon sa propre expression) que constituait la médecine de colonisation. Sa sagesse, sa courtoisie, son dévouement l'Ont fait aimer et respecter de tous ceux qu'ils côtoyaient.

 

Odette Goinard

Ouargla, 6 mars 1949, lors d'une expérience de lutte antipaludique: Raymond Féry (avec un chapeau).

 

PARMI SES ŒUVRES

 

- La Lutte contre le trachome en Algérie, Thèse de doctorat, Paris, 1937.

- La Situation sanitaire de l'Algérie orientale, Mémoire, 1954.

- L'Assistance médico-sociale aux alcooliques aux Pays-Bas et au Danemark, 1964.

- La Santé publique et la Recherche médicale en Tchécoslovaquie, 1969.

- Formation du personnel médical et para­médical aux Pays-Bas, 1971.

- Médecins chez les Berbères, 1986,

- Les médecins de colonisation, n? spécial d'Historia en 1987.

- Le Docteur Renée Antoine, 1989

- L'Œuvre médicale française en Algérie, 1994.

 

 

BIBLIOGRAPHIE

 

L'Algérianiste, n? 72, décembre 1995.

 

 

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