Emile

Dauzon

 
 

Port-Vendres 1869

Alger 1959 

Tous ceux qui l'ont connu aimeront cette image souriante qui rappelle bien la personnalité attachante de ce prélat algérois.

Emile Dauzon est né le 10 août 1869 à Port-Vendres. Il n'a pas connu son père, disparu peu de temps après sa naissance.

Sa prime jeunesse s'écoule sur cette terre ardente qui sent déjà l'Afrique. Un matin de 1885, accompagné de sa mère, le jeune Catalan débarque à Alger. C'est vers le séminaire de Kouba qu'il se dirige, désireux de devenir prêtre et de parfaire les rudiments de latin ébauchés près du clocher natal.

Kouba, c'est, à l'époque, le cœur de l'Eglise africaine ressuscitée, c'est la jeunesse cléricale dans toute son ardeur, c'est le regard plongé vers l'immense apostolat. C'est là qu'après les études philosophiques et théologiques, Emile Dauzon est appelé au sacerdoce.

Il reçoit la prêtrise le 24 juin 1895. Et c'est tout de suite le cycle vicarial. Le voici en juillet à Médéa. Puis, au début de 1896, il est appelé à Saint-Bonaventure, paroisse d'Alger située dans un quartier quelque peu révolutionnaire. Puis, le 30 juin de la même année, il est nommé vicaire de la cathédrale, où il devait rester neuf ans. L'ardent vicaire, plein de foi et d'esprit, organise de petits cercles, prélude à l'Action catholique.

C'est dans la paroisse d'El-Biar, où il est appelé le 22 janvier 1905, que devait durant quatorze ans se réaliser pleinement son apostolat. L'agitation du monde ouvrier, en ces années, crée des besoins nouveaux. Il procède à l'organisation de patronages, à l'ouverture d'écoles : école ménagère en 1906, comportant des cours de comptabilité et de dactylographie; école Jeanne d'Arc; et, plus tard, en 1921, l'institution Sainte-Chantal. Rien n'arrête le zèle de ce jeune curé de trente-six ans. Lorsque souffle le vent de la persécution religieuse, les Sœurs de Saint-Joseph d'El-Biar reçoivent l'ordre de fermer leur école. L'abbé Dauzon prend son bâton de pèlerin et va en France pour plaider la cause de cette institution. Lorsque survient le conflit de 1914, il met sur pied un service d'envois de colis et de lettres.

Ce ne fut pas sans regret qu'il dut quitter El-Biar à l'appel de Mgr Leynaud, le choisissant le 10 mars 1919 pour son vicaire général et lui confiant la mission délicate de directeur des œuvres. C'est une autre phase de vie qui commence sur une plus vaste échelle.

L'Action catholique est son nouveau champ d'apostolat. La tâche est immense, mais ce choix se révèle heureux. Le chanoine Dauzon s'attelle à la construction de la salle de cinéma du Rex, intégrée dans la Maison des œuvres. Il organise les bureaux de l'Action catholique, l'œuvre des vocations sacerdotales, la kermesse diocésaine, l'enseignement libre, l'œuvre des Noëlistes, celle de la Goutte de lait, les groupes Salésiens, la fédération des patronages, les colonies de vacances, le pèlerinage diocésain de Lourdes qu'il accompagne chaque année. Il donne une vive impulsion au Séminaire, œuvre qu'il considère comme essentielle.

Voulant récompenser de tels services rendus au diocèse d'Alger et à l'Eglise, l'archevêque le signale à l'attention du Souverain Pontife qui le nomme prélat de la Maison de Sa Sainteté, le 28 janvier 1927. Le 25 mars 1930, le pape Pie XI l'élève à la dignité de protonotaire apostolique.

A côté des œuvres de charité, il inaugure les œuvres sociales : jardins ouvriers, maisons ouvrières, caisses de chômage et de retraite. En 1933 lui fut confiée l'organisation d'une session nord-africaine des Semaines sociales, qui traitait de la colonisation et de la pensée chrétienne en même temps qu'elle abordait l'étude de problèmes spécifiquement algériens. Le succès fut tel qu'en 1941 se tenait à Alger une session de Journées sociales nord-africaines. La guerre interrompit le cycle de ces manifestations.

Mais, à ne voir dans Mgr Dauzon que l'animateur des œuvres, on risquerait d'omettre ce qui, chez lui, est le levier essentiel de l'action et la raison profonde du succès : l'esprit de prière. Son énergie infatigable était soutenue par une vie intérieure intense. Fidèle imitateur de saint François de Sales, qui était son modèle, il a fait ger­mer ses œuvres dans la patience et avec un optimisme jamais démenti.

Le 24 juin 1945, furent célébrées ses noces d'or sacerdotales, dans la ferveur et la joie générale.

Mgr Dauzon n'a pas connu l'anéantissement de ses œuvres. Il est décédé à Alger le 4 février 1959.

 

Odette Goinard

 

 

retour à la page des biographies