Gustave

Mercier

 
 

Constantine 1874

Alger 1953

 

Né dans une famille bourgeoise installée dans cette ville depuis 1871, Gustave, Louis, Stanislas Mercier reste une figure marquante de l'Algérie française.

Il grandit à Constantine, entre son père arabisant, islamologue, passionné d'histoire, et sa mère, d'une grande culture, qui lui enseigna l'allemand et lui révéla Beethoven. A l'âge de seize ans, un double diplôme de bachelier ès Sciences et de Lettres couronne d'excellentes études secondaires. Etant sorti du lycée, il entreprend l'étude de la langue arabe avec son père et est classé premier aux examens d'interprète militaire.

Il devient, à dix-huit ans, officier des Affaires musulmanes et est d'abord nommé à Tunis, puis désigné pour occuper un poste dans le Sud tunisien, beau champ d'action et d'archéologie militante. Entre Gafsa et Feriana, il fait construire la première piste carrossable reliant ces deux points et fait déblayer des citernes romaines qui retrouvent après quelques dix siècles leur usage d'origine.

Son troisième poste le change totalement d'horizon puis­qu'il est envoyé à Tkour, vallée méridionale de l'Aurès, dont l'artère fluviale est l'Oued Abiod et qui ouvre son grand sillon pierreux sur le désert. La vie archaïque des Chaouïa se révèle pour le jeune officier d'un intérêt passionnant. Ses chevauchées par les routes de la montagne et ses fonctions d'interprète lui procurent l'occasion d'apprendre le berbère, de recueillir des traditions et d'observer les mœurs. Ces contacts journaliers avec un monde nouveau font de lui un linguiste et un ethnologue. Durant les loisirs que lui laisse cette activité, il étudie le droit et passe ses trois examens de licence.

Quittant l'armée en 1896, il revient à Constantine et se fait inscrire au Barreau. Son talent et l'estime de ses confrères lui valent d'être élu bâtonnier en 1914. Poursuivant les études précédemment entreprises, il est nommé en 1896 secrétaire de la Société archéologique de Constantine. Il élargit ses connaissances qui le conduiront à établir une synthèse de « la langue libyenne et la toponymie antique de l'Afrique du Nord» qui paraîtra en 1914 dans le Journal asiatique. Sa découverte, en 1907, d'un lieu d'inhumation préhistorique dans la région de Châteaudun-du­Rhummel ajoute un nouveau rameau à l'arbre généalogique de l'humanité. Homme d'action, intéressé par les problèmes de la vie présente, il est élu en 1904 conseiller général dans le premier canton de Constantine, mandat dont son grand-père et son père avait également été chargés. Mobilisé le 1er août 1914, il sert la France avec le grade de capitaine. Promu en 1917 chevalier dans l'Ordre de la Légion d'honneur (il sera élevé en 1950 à la dignité de commandeur), il termine la guerre comme chef du 5e bureau de l'Etat-major de l'Armée d'Afrique.

Devenu délégué financier de Constantine de 1919 à 1945, il s'impose immédiatement dans cette Assemblée algérienne par la connaissance profonde des hommes et des choses du pays et par ses talents d'orateur. Durant vingt-six ans, Gustave Mercier fut le défenseur de l'Algérie le plus convaincu et le plus persuasif car il sut faire comprendre à ses collègues le rôle que ce pays neuf devait assumer pour le rayonnement de la pensée française.

Il allait trouver en 1930 de nouvelles occasions de prouver son attachement filial à l'Algérie en acceptant les fonctions de commissaire général du Centenaire. Il fut le parfait ordonnateur de cette commémoration et son activité omniprésente lui conféra un grand prestige. Employant au mieux les crédits mis à sa disposition, il dote le pays de fondations diverses: le musée des Beaux­Arts d'Alger, celui d'Oran et celui de Constantine - qui s'honorait de porter il y a encore quelques années le nom de Gustave Mercier -, le musée de préhistoire et d'ethnographie du Bardo, le musée historique de l'armée, la salle Pierre Bordes à Alger ...

Il n'est pas possible, dans cette brève biographie, d'énumérer les hautes responsabilités de Gustave Mercier au sein de divers organismes tant culturels que politiques ou sociaux. Il est en outre l'auteur de nombreux ouvrages de linguistique, de sociologie, d'histoire et de philosophie.

Au soir d'une vie si bien remplie, Gustave Mercier ouvre à la philosophie une voie nouvelle. Son dernier ouvrage, paru en 1949, Le Dynamisme ascensionnel, se fonde sur l'ascension continue du réel vers la spiritualité. Littérateur et sociologue, économiste et philosophe, historien et financier, orateur et organisateur réaliste, Gustave Mercier a mis, durant sa vie entière, ses qualités d'homme d'action et de cœur au service de l'Algérie et, à travers elle, de la France.
 

 

O.G
d'après les documents fournis par Etienne Mercier, son petit-fils

 

 

BIBLIOGRAPHIE

 

- GEORGES MARCAIS: Gustave Mercier, extrait de la Revue africaine, Tome XCVII, N° 434-435 (1er et 2e trimestres 1953).

- Hommage de la Chambre syndicale des mines d'Algérie à Gustave Mercier, président de la Chambre syndicale des mines d'Algérie, 14 novembre 1950.

 

 

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