André-Marie Louis

 
 

Ay (Champagne) 1912

Paris 1978

   

Les Pères Blancs jouissent d'une réputation qui va bien au-delà de leur valeur religieuse. Nous avons beaucoup aimé rencontrer certains d'entre eux sur nos chemins de recherche.

L'un d'eux, à qui la Tunisie doit beaucoup, nous a particulièrement retenus.

André-Marie Louis, imprégné de l'éducation morale et religieuse reçue de sa famille, entre au séminaire de Reims. Il accomplit son noviciat chez les Pères Blancs à Carthage. Ordonné prêtre en 1938, il se consacre dès lors à la Tunisie et aux Tunisiens, réalisant jusqu'aux derniers jours de sa vie une quantité impressionnante de travaux, recherches et traductions qui ont marqué profondément la connaissance scientifique de la société tunisienne. Il entre en 1941 à l'Institut des belles lettres arabes (l'IBLA[1]) et étudie naturellement l'arabe. Ayant obtenu un diplôme d'études supérieures de langue et littérature arabes, il y assume les fonctions de bibliothécaire­documentaliste et devient le rédacteur en chef de la revue éditée par l'IBLA. Parallèlement, il s'intéresse de près à la vie de la société tunisienne et commence une série de travaux sur le terrain. De 1956 à 1964, il dirige un collège privé à El Menzah. Il y assure, en plus, l'enseignement de l'arabe dialectal et donne un cours d'initiation à la Tunisie. Il soutient entre temps une thèse d'Etat en Sorbonne sur les « Îles Kerkena ".

En 1964, il est chargé de cours à l'université de Tunis (sociologie du Maghreb, anthropologie sociale, ethnologie). Nommé conseiller culturel au centre national des arts et traditions populaires, il reste attaché à l'IBLA et à ses recherches, anime des séminaires, des enquêtes de terrain, organise des expositions et aide aux lancements de plusieurs musées régionaux. Il fera jusqu'en 1978 près de cinq cents émissions à la chaîne internationale de Radio-Tunis, dont trois cent six consacrées aux villes et villages de Tunisie.

En 1972, entré au Centre national de la recherche scientifique comme maître de recherches, il en dirigera, à partir de la même année, le bureau à Tunis et y accueillera jusqu'à sa retraite de nombreux chercheurs tunisiens et français. Il enrichit de ses propres collections les archives constituées par son prédécesseur Jean Revault : documents, photothèque impressionnante, enregistrements de textes ethnographiques et linguistiques.

        la cour intérieure de l'IBLA

 Il meurt brutalement lors d'un séjour à Paris. Cet homme infatigable a mené de front durant toute sa vie l'enseignement, l'animation de recherches, la formation de jeunes chercheurs, les responsabilités administratives et la réalisation d'une œuvre scientifique considérable.

Particulièrement à l'écoute des populations tunisiennes nomades et sédentaires, il a contribué à la connaissance linguistique et sociologique de ces populations et laissé une documentation exceptionnelle. Il en savait sans doute le prix, conscient des changements rapides qui affectent les sociétés traditionnelles.

 

Anne-Marie Briat

 

 

 

BIBLIOGRAPHIE SUCCINCTE

Les Îles Kerkena. Etude d'ethnographie tunisienne et de géographie humaine. Trois tomes. Publications de l'IBLA, Tunis, nO 26, 1963, nO 27 et 27 bis, 1963.

La Tunisie du Sud: ksars et villages de crêtes. Paris CNRS, publication du CRESM, 1975.

Nomades d'hier et d'aujourd'hui dans le sud tunisien. La Calade, Aix-en-Provence, Edisud/Mondes méditerranéens, 1979.

Une bibliographie complète des ouvrages et articles se trouve dans Hommes et Destins, tome VII, publication de l'Académie des sciences d'Outre-mer, 15 rue Lapérouse, 75016 Paris.

 


[1] L'Institut des belles lettres arabes a été fondé en 1926 par les Pères Blancs et œuvre depuis pour une meilleure connaissance de la société et de la culture tunisienne.

 

 

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